lundi 14 juillet 2025
CLUB de LECTURE " Des Livres émois"à Forest ce 13 juillet à la Librairie PAR CHEMINS :
samedi 12 juillet 2025
Flannery O'Connor , La part du diable ( à ecouter ):
Flannery O’Connor (1925-1964), la part du diable" sur https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/flannery-o-connor-1925-1964-la-part-du-diable-1620954 via @radiofrance
Meurtriers, vendeurs de bibles ambulants, prédicateurs nihilistes… Avec une bonne dose d’humour noir et de violence, Flannery O’Connor eut à cœur de démasquer la bonne conscience américaine, de donner à voir ces instants décisifs où l’homme se sauve ou se damne.
Flannery O’Connor est une auteure singulière dont l’œuvre reste encore trop méconnue en France. Auteure issue de la Bible Belt, contemporaine de Faulkner et grande lectrice de Joyce, Virginia Woolf, Proust et Poe, son œuvre rappelle, par ses thématiques, celle de Bernanos et de Dostoïevski. Mettant en scène ses intrigues dans un sud violent où le temps pèse sur les âmes et les vastes étendues, elle sut dépeindre avec un humour féroce ces instants de bascule qui révèlent l’homme dans ce qu’il a de pire et de meilleur.
Si Flannery O’Connor dépeint des violeurs, des meurtriers, des vagabonds, sur fond de crise économique et de défiance entre les générations, personne n’échappe à sa levée du voile et surtout pas la classe moyenne américaine bien sous tous rapport. Jeunes mariés, enfants, adolescents, simples d’esprit, grands-parents, elle nous invite à ne pas nous fier aux apparences et lève le voile sur la banalité du mal, la pitié dangereuse, le rationalisme aporétique, l’antisémitisme diffus, le mépris quotidien, le paternalisme usuel.
Acide et lucide, souffrant depuis ses vingt-six ans ans d’un lupus héréditaire (maladie qui l’emporta à seulement trente-neuf ans), Flannery O’Connor eut conscience de la nécessité d’écrire vite et fit de son handicap une malchance bénite au service de son art.
Vivant avec sa mère Régina dans une ferme léguée par son oncle, l’Andalusia, elle dépeint avec drôlerie la cohabitation forcée de natures dissemblables, la dichotomie du monde des villes et des campagnes, l’évolution des ambitions féminines. Entourée de paons elle aimait à les observer pour mieux analyser la logique de groupe, l’ingratitude et la beauté qui sourd.
Son esprit vif et contondant s’illustre dans sa vaste correspondance, dans les textes de ses conférences et dans ses nombreuses nouvelles.
Également peintre et cartooniste, Flannery O’Connor sut comme nulle autre capter le grotesque dans le trivial, disséquer l’âme de l’homme dans toutes ses nuances, de son ton enjoué et saisi.
La chambre de Flannery O'Connor dans sa ferme Andalusia, en Géorgie (Etats-Unis) © Getty - © Mary Ann Anderson/MCT/Tribune News ServicePour en parler
Cécilia Dutter, écrivaine et critique littéraire, auteure de Flannery O’Connor, Dieu et les gallinacés (éditions du Cerf, 2016)
Geneviève Brisac, écrivaine et éditrice française, auteure de Loin du paradis. Flannery O'Connor (éditions Gallimard, coll. « L'un et l'autre », 1991)
Bruno Corty, écrivain et rédacteur en chef du Figaro littéraire, auteur du Dictionnaire amoureux de la littérature américaine (éditions Plon, 2024)
Jean de Saint-Chéron, écrivain, directeur de cabinet du recteur de l'Institut catholique de Paris, auteur de Malestroit (éditions Grasset, 2024)
Marie-Laure Alby, médecin généraliste
À écouter :

Flannery O'Connor : un art littéraire pour raconter la réalité triviale du Sud des États-Unis
Les Nuits de France Culture
1h 29min
Andalusia, la ferme où elle a écrit et vécu jusqu'à sa mort en 1964, située Highway 441 au nord de Milledgeville en Géorgie (Etats-Unis) © Getty - © Mary Ann Anderson/MCT/Tribune News Service
Bibliographie choisie de Flannery O'Connor
Œuvres complètes, Romans, nouvelles, essais, correspondance (éditions Quarto Gallimard, 2009)
La sagesse dans le sang, traduit par Maurice-Edgar Coindreau (éditions Gallimard, coll. L'imaginaire, 1959 rééd. en 2012)
Les braves gens ne courent pas les rues, traduit par Henri Mosset (éditions Folio Gallimard, 1981)
Et ce sont les violents qui l’emportent, traduit par Maurice-Edgar Coindreau (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1965)
Mon mal vient de plus loin, traduit par Henri Morisset et Cyril Laumonier (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1968)
Pourquoi ces nations en tumulte, traduit par Claude Fleurdorge, Michel Gresset et Claude Richard (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1975)
Le mystère et les moeurs, traduit par André Simon, révisé par Cécile Dutheil de La Rochère (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1975)
L’habitude d’être, traduit par Gabrielle Rolin (éditions Gallimard, coll. L'imaginaire, 1985 rééd. en 2003)
Lectures
- Laurent Lederer, « Brave gens de la campagne » in Les Braves gens ne courent pas les rues, Quarto Gallimard
- Yves Delafoy, Maurice-Edgar Coindreau, Mémoires d’un traducteur, Gallimard, 1992
- Claude Perron, Mystère et Manières, écrits de circonstance, 1969, De quelques aspects du grotesque dans le roman du Sud
Mystère et Manières, écrits de circonstance, 1969, Le roi des oiseaux
L’Habitude d’être 1948-1964, Lettre à John Selby, 18 février 1949
L’Habitude d’être 1953-1958, Lettre à Sally et Robert Fitzgerald, 1er février 1953
L’Habitude d’être 1953-1958, Lettre à Elizabeth et Robert Lowell, 17 mars 1953
L’Habitude d’être 1953-1958, Lettre au Père John McCown, 16 janvier 1956
L’Habitude d’être 1959-1963, Lettre au professeur T.R. Spivey, 21 juin 1959
Extraits musicaux
- The carny / The road / L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford : Moving on par Nick Cave
- Only lovers left alive : Diamond star, extrait de la BOF du film de Jim Jarmush
- Crescent moon march op 11 nº 5 par Moondog
- Honey babe your papa cares for you / Sweet bye and bye / What a friend we have in Jesus par Elisabeth Cotten
- Riders on the storm par The Doors
- The sicilian clan de Zorn john
- Wildwood flower par the Carter family
- Too many parties and too many pals par Hank Williams
Générique
Un documentaire de Céline Laurens, réalisé par Gaël Gillon. Prises de son, Florent Layani. Mixage, Valérie Lavallart. Documentaliste INA, Emmanuelle Luccioni. Lectures, Claude Perron, Laurent Lederer et Yves Delafoy. Coordination, Emmanuel Laurentin et Christine Bernard. Chargée de programme et édition web, Sandrine Chapron.
lundi 7 juillet 2025
Le Book Club d'Annie LEBRUN à écouter :
Le 29 juillet 2024 disparaissait la poète et essayiste Annie Le Brun. Un mois plus tôt, cette dernière nous avait accueillis chez elle et évoquait certains de ses auteurs favoris. Le Book Club rend hommage à cette grande figure de la vie littéraire à travers cet entretien inédit.
- Annie Le Brun, ecrivain
Née en 1942, Annie Le Brun était poète, essayiste, spécialiste de l'œuvre du Marquis de Sade et de Victor Hugo. Penseuse de la beauté et de la liberté, au début de l'été 2024, elle avait accepté de nous recevoir dans son appartement débordant de livres. Disparue quelques semaines après cet entretien, le dernier qu'elle accorda, l'évocation du désir comme force motrice de la vie y était centrale. Nous sommes d'autant plus émus de le partager aujourd'hui.
Dans cette première bibliothèque construite avec son mari, le poète croate Radovan Ivsic, les livres sont une présence protectrice. Dans les caisses à fruits, puis dans celles de vin, se tiennent sur deux épaisseurs des ouvrages dans lesquels elle se repère sans mal. Rares sont les personnes qui parlent de la lecture avec tant de réel impact sur l'existence
Nous rencontrons Annie Le Brun à l’occasion de la parution de l’édition augmentée de son livre Qui vive, considérations inactuelles sur l'actualité du surréalisme. Dans ce texte de 1991, les auteurs sont loués pour le risque pris à éprouver leur pensée, à la faire coïncider avec leurs vies et leurs corps. Nous lui avons demandé comme à chacun de nos invités de choisir cinq textes. Ils racontent, sans détour, la conscience poétique d'Annie Le Brun, son appétit de gaité et de lyrisme, son désir de savoir toujours accroché au désir tout court.
À lire aussi
Les choix d'Annie Le Brun
Jean Genet, Le condamné à mort (Nrf/Gallimard)
"J’ai découvert ce texte à 17 ans. Je ne l’avais pas lu comme poème, mais je l’ai entendu chanté par Hélène Martin, et là, grâce à l’interprétation qu’elle en a faite, tout d’un coup, j’ai compris qu’à travers les mots passait un trouble qui, à ce moment-là, me hantait. J’ai découvert ce qu’on pourrait appeler le lyrisme, comme le développement d’une protestation existentielle, et dans le même temps, l’affirmation de la plus grande singularité de ce qui n’existera qu’une seule fois. Il y a quelque chose de très fort dans ce poème, puisque tout le merveilleux de la rencontre amoureuse est présent et concentré à un moment où cela va disparaître, mais que, néanmoins, à travers cette affirmation lyrique, la chose va continuer à vivre." Annie Le Brun
À écouter
Alfred Jarry, Le surmâle (La République des Lettres)
"À mes yeux, ce livre est la plus profonde réflexion sur l’amour jamais faite, qui se présente sous la forme la plus simple du monde. C’est un roman moderne et une charge contre toutes les sentimentalités, les bêtises, autour de l’amour qui ont pu être dites. Alfred Jarry montre à la fois l’impasse de l’idéalisme amoureux, mais aussi la vacuité de la performance sexuelle. Il perçoit que quelque chose peut s’inventer dans l’affrontement de deux altérités, tout en prenant en compte que le corps est une machine." Annie Le Brun
À écouter
Marquis de Sade, L'Histoire de Juliette (La Musardine)
"Le Marquis de Sade a passé 27 ans en prison, parce qu’il n’a jamais abdiqué et a continué à affirmer sa singularité. Ce qui m’a fascinée chez lui, c’est qu’à la période extraordinaire du XVIIIe siècle, où les philosophes, se libérant du joug de la religion, commencent à essayer de penser l’homme en fonction des hommes, Le Marquis de Sade renverse la perspective, en essayant de penser le monde à partir, non pas de ce qui le relie aux autres hommes, mais à partir de ce qui l’en différencie absolument et qui est justement sa singularité sexuelle, ce qu’on a appelé plus tard le sadisme. C’est ce courage de la pensée qui m’a complètement bouleversée." Annie Le Brun
À écouter
À écouter
Charles Cros, le poème Vocation, extrait du Coffret de santal (Editions Du Sandre)
"Ce texte me plait énormément, car c’est un manifeste contre le puritanisme, le moralisme, qui reviennent à chaque fois que les choses se referment et que les gens essaient de s’accrocher à quelque chose qui va contre les autres. Le puritanisme et le moralisme reposent sur la frustration, alors que, ce qui caractérise la poésie de Charles Cros, c’est son extraordinaire grâce d’être." Annie Le Brun
Victor Hugo, Promontoire du Songe (Gallimard/ L’imaginaire)
"Ce texte, c’est le regard de la poésie et l’un des plus grands plaidoyers qui soit pour l’imagination. Il l’écrit en 1863, et au moment où se met en place la société industrielle, il rédige ce plaidoyer pour l’imagination. C’est la luxuriance contre le manque, l’imagination contre le ressassement, avec ce pari extraordinaire, d'imaginer "le monde qui n’est pas encore, et qui est", pour citer Victor Hugo." Annie Le Brun
À écouter

Annie Le Brun : "Fascinée par tout ce qui se rapporte à la nuit et aux ténèbres, tout naturellement je me suis rapprochée de Victor Hugo"
Les Nuits de France Culture
33 min
Références musicales
Sufjan Stevens, Interlude 1 : dream sequence in subi circumnavigation
Mark Korven, What went we (BO The Witch)
The Velvet Underground, I’ll be your mirror
Sufjan Stevens, Movement 2 : sleeping invader
Mary Lattimore, It feels like floating
Floating Points, Movement 3
Heiner Goebbels, Grain de la voix : 4. Krunk
Emiliana Torrini, Love poem
Joanna Goodale, Metal moon (pour piano, gongs et bols chantant)
Joanna Goodale, Still snow (pour piano, gongs et bols chantant)
Jeannette Azzouz, So close to me
Recherche musicale : Nicolas Bichet, Pierre Plantin
Prise de son