mardi 19 août 2025

Le BOOK CLUB : Dans la bibliothèque d' Antoine REINARTZ :

 Dans la bibliothèque de... : Dans la bibliothèque d'Antoine Reinartz" sur https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-book-club/dans-la-bibliotheque-d-antoine-reinartz-4121290 via @radiofrance


L'acteur Antoine Reinartz nous fait entrer dans sa bibliothèque où se côtoient Primo Levi, Aragon, Amin Maalouf, Yvan Pommaux et un extrait de scénario de Léonor Serraille.

Avec

Antoine Reinartz, acteur

Vous avez été Louis XIII dans la série théâtrale adaptée du livre « Les trois mousquetaires » d'Alexandre Dumas. Vous avez été un militant de la luCe anti-VIH, président de l'association Actop dans le Flm « 120 baCements par minute » de Robin Campillot. Vous avez été l'avocat général impitoyable dans le Flm « Anatomie d'une chute » de Justine Trier et plein d'autres personnages au théâtre et au cinéma. Mais je cite cela parce qu'ils ont le verbe « haut », celui du monarque, celui de la militance, celui de la plaidoirie. Et que vous excelliez à les porter tous, votre « je » pouvait facilement trahir un goût presque physique pour les mots. Et pour cause, peut-être, dans un portrait que vous consacrait le journal Le Monde, on parle d'un budget illimité pour vous et vos frères et sœurs. Culture bibliophile qui côtoyait les sorties au cinéma pour apprécier les derniers blockbusters. On retrouve cet éclectisme apparemment dans votre bibliothèque où l'on croise autant Agatha Christie que Julien Gracq, Armistead Maupin, Stendhal, Emmanuel Carrère ou Bruno Latour. Quelques scénarios aussi. On entre dans votre bibliothèque Antoine Reinartz.

Les choix Antoine Reinartz

Primo Levi, Si c’est un homme (Éd.Julliard), traduction par Martine Schruofeneger

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"Le texte est bouleversant et en même temps il est très clinique. Il décrit les camps, leur organisation, leur fonctionnement et n'est donc pas rempli d'émotion. Il est néanmoins passionnant pour bien comprendre ce qu'il s'est passé." Antoine Reinartz

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À lire aussi

Pages arrachées à Primo Levi

SUIVRE

"Quand j'ai découvert ce texte vers 28 ans, je l'ai trouvé hyper beau. Globalement, j'estime qu'Aragon, c'est à la fois très beau et très facile. Dans ce poème, il arrive à expliquer la diLiculté que nous pouvons éprouver à transmeMre le regret. Il nous explique comment le dire à l'autre." Antoine Reinartz

Louis Aragon, Le roman inachevé, Comme il a vite entre les doigts passés (Gallimard)

À lire aussi

"Louis Aragon, je me souviens"

Samedi Wction Écouter plus tard 57 min

Léonor Séraille, scénario de Un petit frère

"Un scénario, globalement, c'est trois heures de lecture. EnQn, Il y a quand même quelque chose où on a le temps de le vivre vraiment, et en même temps, c'est très visuel, on voit le Qlm plus qu'on ne le lit. J'ai l'impression d'avoir vu tous les Qlms que j'ai lus." Antoine Reinartz

À lire aussi

Destinées familiales

La Suite dans les idées Écouter plus tard 48 min

Amin Maalouf, Le labyrinthe des égarés (Grasset)

"Je suis complètement fan des essais d'Amin Maalouf. Je les trouve très nuancés. Quand je le lis, je me sens élevé. Tous ces écrits sont très documentés et peu idéologiques. Après l'avoir lu, on se sent beaucoup plus puissant, beaucoup plus armé pour comprendre ce qui se passe et ne pas paniquer pour autant." Antoine Reinartz

À lire aussi

L'Occident face au retour de la guerre

AXaires étrangères Écouter plus tard 58 min

Yvan Pommaux, Une nuit, un chat... (L'école des loisirs)
"
C'est mon livre d'enfance. J'ai hésité avec « Pélagie la sorcière » et Qnalement, « Une nuit, un

chat ». C'est un album jeunesse à la fois très intime et très beau." Antoine Reinartz Archives

Louis Aragon, émission Tous les plaisirs du jour sont dans la matinée, RDF / RTF, 08/02 /1959 Extrait du Flm Un petit frère de Leonor Serraille, 2022
Amin Maalouf,
émission L'invité de 8h20 du week end, Ali Badou, France Inter, 29/09/2023

Références Musicales

Bizarre de Thx4crying
Monolake de JB Dunkel et Jonathan Fitoussi The Roughest Trade de Nils Frahm
Voices de Wells
Musique pour les chats de Jérôme Minière Dans un fou rire de Fishbach

Arts et Divertissement


samedi 9 août 2025

vendredi 1 août 2025

le souffle de la pensée : Donna HARRAWAY

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-souffle-de-la-pensee/paul-b-preciado-sur-le-manifeste-cyborg-de-donna-haraway-5888894

Le philosophe Paul B. Preciado nous parle d'un texte dense, capital, paru en 1985 et devenu aujourd'hui une référence mondiale qui inspire autant artistes, féministes, queers que penseurs et hackers, qui révèle notre part hybride, humaine et technologique : le "Manifeste Cyborg" de Donna Haraway

Avec Paul B. Preciado, philosophe, écrivain et cinéaste Pour Paul B. Preciado, "la pensée de Donna Haraway est l'une des pensées les plus radicales et transformatrices du 21ème siècle". Il a rencontré la philosophe alors qu'il n'avait que 25 ans : "on trouve dans ses écrits une énergie enfantine et la vitalité d'une personne qui commence à explorer le monde". Son travail implique un exercice de pensée qui consiste à apprendre, désapprendre et inventer puisqu'elle cherche à déconstruire les binarismes qui nous structurent - dont notamment celui entre organique et cybernétique. "Donna Haraway nous montre, à travers la métaphore politique du cyborg, que la technologie ne nous est pas extérieure, que les corps que nous fabriquons nous-mêmes sont aussi technologiques, et donc que la technologie n'est pas qu'une histoire de machine, mais un rapport social."

 

  Un texte performatif pour dépasser l'individualité Selon Paul B. Preciado, le Manifeste Cyborg peut se lire comme de la poésie, car c'est un texte qui a une fonction transformatrice, notamment parce qu'il est fondateur du féminisme queer, du féminisme trans et du cyberféminisme. Donna Haraway critique néanmoins certains courants du féminisme qui "rejettent l'hétérogénéité" et remet en cause le mythe d'une nature féminine, qui perpétue la domination des femmes. Paul B. Preciado prolonge son geste en dénaturalisant non seulement le genre, qui est une construction sociale, mais aussi le sexe - qui a lui-même été genré. Le mythe fondateur de l'individu est aussi remis en cause par Donna Haraway, qui préfère voir le monde à travers le prisme des connexions : "l'empowerment qu'elle propose passe par la reconnaissance de la dimension relationnelle et donc non-identitaire du sujet". Ce qui fait de sa pensée une "pensée de la mutation, du devenir qui s'oppose à celles qui conçoivent l'individu comme une substance figée".

 

 

 "Les textes les plus horribles me paraissent nécessaires" Paul B. Preciado déteste beaucoup de textes - environ 80 % ! - mais considère qu'il est néanmoins important de les lire : "c'est nécessaire de comprendre ces textes pour pouvoir imaginer des processus de résistance et d'émancipation". C'est le cas par exemple pour les textes de Freud ou de Lacan, sur lesquels il travaille : "je les trouve déplorables mais c'est important de les lire pour pouvoir inventer une nouvelle épistémologie".

 

 Extraits sonores : Archive de Donna Haraway du 1er mai 2009, "Les vendredis de la philosophie", France Culture Lecture par Anaïs Ysebaert de deux extraits du Manifeste Cyborg : science, technologie et féminisme socialiste à la fin du XXe siècle de Donna Haraway, traduit par Marie-Hélène Dumas, Charlotte Gould et Nathalie Magnan pour Exils Éditeur, édition originale dans le journal Socialist Review n°80, 1985 I Don’t Understand It, chanson de Ice Water Slim Sciences et Savoirs Philosophie Philosophie contemporaine Gilles Deleuze Donna Haraway

jeudi 31 juillet 2025

AUTO - PORTRAIT (s) d'un moment issus de l'atelier en ce mois de juillet :

Dans la série " AUTOPORTRAIT(S) d'un moment : 2 petites créations qui vont poursuivre leur vie à Paris , d'abord à Montmartre ensuite dans le quartier du Marais.....A suivre...
Un "auto-portrait d'un moment" en français peut se comprendre comme un autoportrait photographique ou écrit qui capture l'essence d'un instant précis, une émotion, une pensée, ou une situation particulière. Il s'agit de se représenter, ou de se décrire, dans un contexte donné, en mettant l'accent sur ce qui se passe à ce moment précis. 

Chimamanda Ngozi Adichie :

Chimamanda Ngozi Adichie est née en 1977 au Nigeria et a grandi sur le campus de l'Université du Nigeria à Nsukka. À dix-neuf ans, elle se rend aux États-Unis pour étudier. Diplômée en sciences politiques et communication, elle poursuit ses études en création littéraire à l'université Johns-Hopkins (Baltimore) puis en études africaines à Yale (New Haven). Elle partage aujourd'hui son temps entre Lagos et Washington. Ses nouvelles ont été publiées dans de nombreuses revues littéraires, notamment dans Granta. Son premier roman, L'hibiscus pourpre (2003), a été sélectionné pour l'Orange Prize et le Booker Prize en 2004, et a remporté le Commonwealth Writers' Prize en 2005. L'autre moitié du soleil a reçu l'Orange Prize en 2007. Elle est l'autrice du très remarqué Americanah (2013), ainsi que de plusieurs essais dont Nous sommes tous des féministes et Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe.

lundi 14 juillet 2025

CLUB de LECTURE " Des Livres émois"à Forest ce 13 juillet à la Librairie PAR CHEMINS :

>Un fabuleux dimanche ce 13 juillet à la libraire Par chemins au CLUB « Des Livres émois » : un tourbillon d’incitations à des lectures diverses, contrastées, palpitantes de vitalité et de questions cruciales ( voir la sélection en image ci dessous). Elias ( un des libraires) nous écoute attentivement de loin , puis lui vient l’envie irrésistible de nous rejoindre à notre table pour partager un livre qui lui tient particulièrement à coeur : ABOU SROUR » Je suis ma liberté » Merci Illias !!! et à toute cette belle équipe de libraires !
A écouter : 1- https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/documentaire-du-vendredi-une-saison-en-enfer-avec-flannery-o-connor-1ere-diffusion-19-02-1982-9506823 2 - "Flannery O’Connor (1925-1964), la part du diable" sur https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/flannery-o-connor-1925-1964-la-part-du-diable-1620954 via @radiofrance `

samedi 12 juillet 2025

Flannery O'Connor , La part du diable ( à ecouter ):

 Flannery O’Connor (1925-1964), la part du diable" sur https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/flannery-o-connor-1925-1964-la-part-du-diable-1620954 via @radiofrance

 

 
    

 Meurtriers, vendeurs de bibles ambulants, prédicateurs nihilistes… Avec une bonne dose d’humour noir et de violence, Flannery O’Connor eut à cœur de démasquer la bonne conscience américaine, de donner à voir ces instants décisifs où l’homme se sauve ou se damne.
Flannery O’Connor est une auteure singulière dont l’œuvre reste encore trop méconnue en France. Auteure issue de la Bible Belt, contemporaine de Faulkner et grande lectrice de Joyce, Virginia Woolf, Proust et Poe, son œuvre rappelle, par ses thématiques, celle de Bernanos et de Dostoïevski. Mettant en scène ses intrigues dans un sud violent où le temps pèse sur les âmes et les vastes étendues, elle sut dépeindre avec un humour féroce ces instants de bascule qui révèlent l’homme dans ce qu’il a de pire et de meilleur.
Si Flannery O’Connor dépeint des violeurs, des meurtriers, des vagabonds, sur fond de crise économique et de défiance entre les générations, personne n’échappe à sa levée du voile et surtout pas la classe moyenne américaine bien sous tous rapport. Jeunes mariés, enfants, adolescents, simples d’esprit, grands-parents, elle nous invite à ne pas nous fier aux apparences et lève le voile sur la banalité du mal, la pitié dangereuse, le rationalisme aporétique, l’antisémitisme diffus, le mépris quotidien, le paternalisme usuel.


Acide et lucide, souffrant depuis ses vingt-six ans ans d’un lupus héréditaire (maladie qui l’emporta à seulement trente-neuf ans), Flannery O’Connor eut conscience de la nécessité d’écrire vite et fit de son handicap une malchance bénite au service de son art.


Vivant avec sa mère Régina dans une ferme léguée par son oncle, l’Andalusia, elle dépeint avec drôlerie la cohabitation forcée de natures dissemblables, la dichotomie du monde des villes et des campagnes, l’évolution des ambitions féminines. Entourée de paons elle aimait à les observer pour mieux analyser la logique de groupe, l’ingratitude et la beauté qui sourd.
Son esprit vif et contondant s’illustre dans sa vaste correspondance, dans les textes de ses conférences et dans ses nombreuses nouvelles.
 

Également peintre et cartooniste, Flannery O’Connor sut comme nulle autre capter le grotesque dans le trivial, disséquer l’âme de l’homme dans toutes ses nuances, de son ton enjoué et saisi.

La chambre de Flannery O'Connor dans sa ferme Andalusia, en Géorgie (Etats-Unis) © Getty - © Mary Ann Anderson/MCT/Tribune News Service

Pour en parler
Cécilia Dutter, écrivaine et critique littéraire, auteure de Flannery O’Connor, Dieu et les gallinacés (éditions du Cerf, 2016)
Geneviève Brisac, écrivaine et éditrice française, auteure de Loin du paradis. Flannery O'Connor (éditions Gallimard, coll. « L'un et l'autre », 1991)
Bruno Corty, écrivain et rédacteur en chef du Figaro littéraire, auteur du Dictionnaire amoureux de la littérature américaine (éditions Plon, 2024)
Jean de Saint-Chéron, écrivain, directeur de cabinet du recteur de l'Institut catholique de Paris, auteur de Malestroit (éditions Grasset, 2024)
Marie-Laure Alby, médecin généraliste
 


À écouter :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/documentaire-du-vendredi-une-saison-en-enfer-avec-flannery-o-connor-1ere-diffusion-19-02-1982-9506823

Flannery O'Connor : un art littéraire pour raconter la réalité triviale du Sud des États-Unis

Les Nuits de France Culture

1h 29min

 

 

 Andalusia, la ferme où elle a écrit et vécu jusqu'à sa mort en 1964, située Highway 441 au nord de Milledgeville en Géorgie (Etats-Unis) © Getty - © Mary Ann Anderson/MCT/Tribune News Service


Bibliographie choisie de Flannery O'Connor

 Œuvres complètes, Romans, nouvelles, essais, correspondance (éditions Quarto Gallimard, 2009)
La sagesse dans le sang, traduit par Maurice-Edgar Coindreau (éditions Gallimard, coll. L'imaginaire, 1959 rééd. en 2012)
Les braves gens ne courent pas les rues, traduit par Henri Mosset (éditions Folio Gallimard, 1981)
Et ce sont les violents qui l’emportent, traduit par Maurice-Edgar Coindreau (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1965)
Mon mal vient de plus loin, traduit par Henri Morisset et Cyril Laumonier (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1968)
Pourquoi ces nations en tumulte, traduit par Claude Fleurdorge, Michel Gresset et Claude Richard (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1975)
Le mystère et les moeurs, traduit par André Simon, révisé par Cécile Dutheil de La Rochère (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1975)
L’habitude d’être, traduit par Gabrielle Rolin (éditions Gallimard, coll. L'imaginaire, 1985 rééd. en 2003)
 

Lectures

  • Laurent Lederer, « Brave gens de la campagne » in Les Braves gens ne courent pas les rues, Quarto Gallimard
  • Yves Delafoy, Maurice-Edgar Coindreau, Mémoires d’un traducteur, Gallimard, 1992
  • Claude Perron, Mystère et Manières, écrits de circonstance, 1969, De quelques aspects du grotesque dans le roman du Sud
    Mystère et Manières, écrits de circonstance, 1969, Le roi des oiseaux
    L’Habitude d’être 1948-1964, Lettre à John Selby, 18 février 1949
    L’Habitude d’être 1953-1958, Lettre à Sally et Robert Fitzgerald, 1er février 1953
    L’Habitude d’être 1953-1958, Lettre à Elizabeth et Robert Lowell, 17 mars 1953
    L’Habitude d’être 1953-1958Lettre au Père John McCown, 16 janvier 1956
    L’Habitude d’être 1959-1963, Lettre au professeur T.R. Spivey, 21 juin 1959

 

Extraits musicaux

  • The carnyThe road / L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford : Moving on par Nick Cave
  • Only lovers left alive : Diamond star, extrait de la BOF du film de Jim Jarmush
  • Crescent moon march op 11 nº 5 par Moondog
  • Honey babe your papa cares for you / Sweet bye and bye / What a friend we have in Jesus par Elisabeth Cotten
  • Riders on the storm par The Doors
  • The sicilian clan de Zorn john
  • Wildwood flower par the Carter family
  • Too many parties and too many pals par Hank Williams

Générique

Un documentaire de Céline Laurens, réalisé par Gaël Gillon. Prises de son, Florent Layani. Mixage, Valérie Lavallart. Documentaliste INA, Emmanuelle Luccioni. Lectures, Claude Perron, Laurent Lederer et Yves Delafoy. Coordination, Emmanuel Laurentin et Christine Bernard. Chargée de programme et édition web, Sandrine Chapron.

 

 



lundi 7 juillet 2025

Le Book Club d'Annie LEBRUN à écouter :

 https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-book-club/dans-la-bibliotheque-d-annie-le-brun-4412265

 


 

 

Le 29 juillet 2024 disparaissait la poète et essayiste Annie Le Brun. Un mois plus tôt, cette dernière nous avait accueillis chez elle et évoquait certains de ses auteurs favoris. Le Book Club rend hommage à cette grande figure de la vie littéraire à travers cet entretien inédit. 

Avec

Née en 1942, Annie Le Brun était poète, essayiste, spécialiste de l'œuvre du Marquis de Sade et de Victor Hugo. Penseuse de la beauté et de la liberté, au début de l'été 2024, elle avait accepté de nous recevoir dans son appartement débordant de livres. Disparue quelques semaines après cet entretien, le dernier qu'elle accorda, l'évocation du désir comme force motrice de la vie y était centrale. Nous sommes d'autant plus émus de le partager aujourd'hui.

Dans cette première bibliothèque construite avec son mari, le poète croate Radovan Ivsic, les livres sont une présence protectrice. Dans les caisses à fruits, puis dans celles de vin, se tiennent sur deux épaisseurs des ouvrages dans lesquels elle se repère sans mal. Rares sont les personnes qui parlent de la lecture avec tant de réel impact sur l'existence

Nous rencontrons Annie Le Brun à l’occasion de la parution de l’édition augmentée de son livre Qui vive, considérations inactuelles sur l'actualité du surréalisme. Dans ce texte de 1991, les auteurs sont loués pour le risque pris à éprouver leur pensée, à la faire coïncider avec leurs vies et leurs corps. Nous lui avons demandé comme à chacun de nos invités de choisir cinq textes. Ils racontent, sans détour, la conscience poétique d'Annie Le Brun, son appétit de gaité et de lyrisme, son désir de savoir toujours accroché au désir tout court.

À lire aussi

Annie Le Brun : "Depuis toujours, je suis folle des images"

Par les temps qui courent

43 min

Les choix d'Annie Le Brun

Jean Genet, Le condamné à mort (Nrf/Gallimard)

"J’ai découvert ce texte à 17 ans. Je ne l’avais pas lu comme poème, mais je l’ai entendu chanté par Hélène Martin, et là, grâce à l’interprétation qu’elle en a faite, tout d’un coup, j’ai compris qu’à travers les mots passait un trouble qui, à ce moment-là, me hantait. J’ai découvert ce qu’on pourrait appeler le lyrisme, comme le développement d’une protestation existentielle, et dans le même temps, l’affirmation de la plus grande singularité de ce qui n’existera qu’une seule fois. Il y a quelque chose de très fort dans ce poème, puisque tout le merveilleux de la rencontre amoureuse est présent et concentré à un moment où cela va disparaître, mais que, néanmoins, à travers cette affirmation lyrique, la chose va continuer à vivre." Annie Le Brun

À écouter

Annie Le Brun, ou le soulèvement lyrique

Poésie et ainsi de suite

28 min

Alfred Jarry, Le surmâle (La République des Lettres)

"À mes yeux, ce livre est la plus profonde réflexion sur l’amour jamais faite, qui se présente sous la forme la plus simple du monde. C’est un roman moderne et une charge contre toutes les sentimentalités, les bêtises, autour de l’amour qui ont pu être dites. Alfred Jarry montre à la fois l’impasse de l’idéalisme amoureux, mais aussi la vacuité de la performance sexuelle. Il perçoit que quelque chose peut s’inventer dans l’affrontement de deux altérités, tout en prenant en compte que le corps est une machine." Annie Le Brun

À écouter

Un surmâle

La Compagnie des auteurs

59 min

Marquis de Sade, L'Histoire de Juliette (La Musardine)

"Le Marquis de Sade a passé 27 ans en prison, parce qu’il n’a jamais abdiqué et a continué à affirmer sa singularité. Ce qui m’a fascinée chez lui, c’est qu’à la période extraordinaire du XVIIIe siècle, où les philosophes, se libérant du joug de la religion, commencent à essayer de penser l’homme en fonction des hommes, Le Marquis de Sade renverse la perspective, en essayant de penser le monde à partir, non pas de ce qui le relie aux autres hommes, mais à partir de ce qui l’en différencie absolument et qui est justement sa singularité sexuelle, ce qu’on a appelé plus tard le sadisme. C’est ce courage de la pensée qui m’a complètement bouleversée." Annie Le Brun

À écouter

 

À écouter

58 min

Charles Cros, le poème Vocation, extrait du Coffret de santal (Editions Du Sandre)

"Ce texte me plait énormément, car c’est un manifeste contre le puritanisme, le moralisme, qui reviennent à chaque fois que les choses se referment et que les gens essaient de s’accrocher à quelque chose qui va contre les autres. Le puritanisme et le moralisme reposent sur la frustration, alors que, ce qui caractérise la poésie de Charles Cros, c’est son extraordinaire grâce d’être." Annie Le Brun

Victor Hugo, Promontoire du Songe (Gallimard/ L’imaginaire)

"Ce texte, c’est le regard de la poésie et l’un des plus grands plaidoyers qui soit pour l’imagination. Il l’écrit en 1863, et au moment où se met en place la société industrielle, il rédige ce plaidoyer pour l’imagination. C’est la luxuriance contre le manque, l’imagination contre le ressassement, avec ce pari extraordinaire, d'imaginer "le monde qui n’est pas encore, et qui est", pour citer Victor Hugo." Annie Le Brun

À écouter

Annie Le Brun : "Fascinée par tout ce qui se rapporte à la nuit et aux ténèbres, tout naturellement je me suis rapprochée de Victor Hugo"

Les Nuits de France Culture

33 min

Références musicales

Sufjan Stevens, Interlude 1 : dream sequence in subi circumnavigation

Mark Korven, What went we (BO The Witch)

The Velvet Underground, I’ll be your mirror

Sufjan Stevens, Movement 2 : sleeping invader

Mary Lattimore, It feels like floating

Floating Points, Movement 3

Heiner Goebbels, Grain de la voix : 4. Krunk

Emiliana Torrini, Love poem

Joanna Goodale, Metal moon (pour piano, gongs et bols chantant)

Joanna Goodale, Still snow (pour piano, gongs et bols chantant)

Jeannette Azzouz, So close to me

Recherche musicale : Nicolas Bichet, Pierre Plantin

Prise de son