Flannery O’Connor (1925-1964), la part du diable" sur https://radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/flannery-o-connor-1925-1964-la-part-du-diable-1620954 via @radiofrance
Meurtriers, vendeurs de bibles ambulants, prédicateurs nihilistes… Avec une bonne dose d’humour noir et de violence, Flannery O’Connor eut à cœur de démasquer la bonne conscience américaine, de donner à voir ces instants décisifs où l’homme se sauve ou se damne.
Flannery O’Connor est une auteure singulière dont l’œuvre reste encore trop méconnue en France. Auteure issue de la Bible Belt, contemporaine de Faulkner et grande lectrice de Joyce, Virginia Woolf, Proust et Poe, son œuvre rappelle, par ses thématiques, celle de Bernanos et de Dostoïevski. Mettant en scène ses intrigues dans un sud violent où le temps pèse sur les âmes et les vastes étendues, elle sut dépeindre avec un humour féroce ces instants de bascule qui révèlent l’homme dans ce qu’il a de pire et de meilleur.
Si Flannery O’Connor dépeint des violeurs, des meurtriers, des vagabonds, sur fond de crise économique et de défiance entre les générations, personne n’échappe à sa levée du voile et surtout pas la classe moyenne américaine bien sous tous rapport. Jeunes mariés, enfants, adolescents, simples d’esprit, grands-parents, elle nous invite à ne pas nous fier aux apparences et lève le voile sur la banalité du mal, la pitié dangereuse, le rationalisme aporétique, l’antisémitisme diffus, le mépris quotidien, le paternalisme usuel.
Acide et lucide, souffrant depuis ses vingt-six ans ans d’un lupus héréditaire (maladie qui l’emporta à seulement trente-neuf ans), Flannery O’Connor eut conscience de la nécessité d’écrire vite et fit de son handicap une malchance bénite au service de son art.
Vivant avec sa mère Régina dans une ferme léguée par son oncle, l’Andalusia, elle dépeint avec drôlerie la cohabitation forcée de natures dissemblables, la dichotomie du monde des villes et des campagnes, l’évolution des ambitions féminines. Entourée de paons elle aimait à les observer pour mieux analyser la logique de groupe, l’ingratitude et la beauté qui sourd.
Son esprit vif et contondant s’illustre dans sa vaste correspondance, dans les textes de ses conférences et dans ses nombreuses nouvelles.
Également peintre et cartooniste, Flannery O’Connor sut comme nulle autre capter le grotesque dans le trivial, disséquer l’âme de l’homme dans toutes ses nuances, de son ton enjoué et saisi.
La chambre de Flannery O'Connor dans sa ferme Andalusia, en Géorgie (Etats-Unis) © Getty - © Mary Ann Anderson/MCT/Tribune News ServicePour en parler
Cécilia Dutter, écrivaine et critique littéraire, auteure de Flannery O’Connor, Dieu et les gallinacés (éditions du Cerf, 2016)
Geneviève Brisac, écrivaine et éditrice française, auteure de Loin du paradis. Flannery O'Connor (éditions Gallimard, coll. « L'un et l'autre », 1991)
Bruno Corty, écrivain et rédacteur en chef du Figaro littéraire, auteur du Dictionnaire amoureux de la littérature américaine (éditions Plon, 2024)
Jean de Saint-Chéron, écrivain, directeur de cabinet du recteur de l'Institut catholique de Paris, auteur de Malestroit (éditions Grasset, 2024)
Marie-Laure Alby, médecin généraliste
À écouter :
Flannery O'Connor : un art littéraire pour raconter la réalité triviale du Sud des États-Unis
Les Nuits de France Culture
1h 29min
Andalusia, la ferme où elle a écrit et vécu jusqu'à sa mort en 1964, située Highway 441 au nord de Milledgeville en Géorgie (Etats-Unis) © Getty - © Mary Ann Anderson/MCT/Tribune News Service
Bibliographie choisie de Flannery O'Connor
Œuvres complètes, Romans, nouvelles, essais, correspondance (éditions Quarto Gallimard, 2009)
La sagesse dans le sang, traduit par Maurice-Edgar Coindreau (éditions Gallimard, coll. L'imaginaire, 1959 rééd. en 2012)
Les braves gens ne courent pas les rues, traduit par Henri Mosset (éditions Folio Gallimard, 1981)
Et ce sont les violents qui l’emportent, traduit par Maurice-Edgar Coindreau (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1965)
Mon mal vient de plus loin, traduit par Henri Morisset et Cyril Laumonier (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1968)
Pourquoi ces nations en tumulte, traduit par Claude Fleurdorge, Michel Gresset et Claude Richard (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1975)
Le mystère et les moeurs, traduit par André Simon, révisé par Cécile Dutheil de La Rochère (éditions Gallimard, coll. Du monde entier, 1975)
L’habitude d’être, traduit par Gabrielle Rolin (éditions Gallimard, coll. L'imaginaire, 1985 rééd. en 2003)
Lectures
- Laurent Lederer, « Brave gens de la campagne » in Les Braves gens ne courent pas les rues, Quarto Gallimard
- Yves Delafoy, Maurice-Edgar Coindreau, Mémoires d’un traducteur, Gallimard, 1992
- Claude Perron, Mystère et Manières, écrits de circonstance, 1969, De quelques aspects du grotesque dans le roman du Sud
Mystère et Manières, écrits de circonstance, 1969, Le roi des oiseaux
L’Habitude d’être 1948-1964, Lettre à John Selby, 18 février 1949
L’Habitude d’être 1953-1958, Lettre à Sally et Robert Fitzgerald, 1er février 1953
L’Habitude d’être 1953-1958, Lettre à Elizabeth et Robert Lowell, 17 mars 1953
L’Habitude d’être 1953-1958, Lettre au Père John McCown, 16 janvier 1956
L’Habitude d’être 1959-1963, Lettre au professeur T.R. Spivey, 21 juin 1959
Extraits musicaux
- The carny / The road / L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford : Moving on par Nick Cave
- Only lovers left alive : Diamond star, extrait de la BOF du film de Jim Jarmush
- Crescent moon march op 11 nº 5 par Moondog
- Honey babe your papa cares for you / Sweet bye and bye / What a friend we have in Jesus par Elisabeth Cotten
- Riders on the storm par The Doors
- The sicilian clan de Zorn john
- Wildwood flower par the Carter family
- Too many parties and too many pals par Hank Williams
Générique
Un documentaire de Céline Laurens, réalisé par Gaël Gillon. Prises de son, Florent Layani. Mixage, Valérie Lavallart. Documentaliste INA, Emmanuelle Luccioni. Lectures, Claude Perron, Laurent Lederer et Yves Delafoy. Coordination, Emmanuel Laurentin et Christine Bernard. Chargée de programme et édition web, Sandrine Chapron.
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