mercredi 26 août 2020

lundi 24 août 2020

A propos du Marais ...


 

« Dans la vallée, c’étaient de grands herbages arrosés par des rigoles et séparés par des haies ; puis, plus loin, la rivière, canalisée jusque-là, s’épandait en un vaste marais. Ce marais, la plus admirable région de chasse que j’aie jamais vue, était tout le souci de mon cousin qui l’entretenait comme un parc. À travers l’immense peuple de roseaux qui le couvrait, le faisait vivant, bruissant, houleux, on avait tracé d’étroites avenues où les barques plates, conduites et dirigées avec des perches, passaient, muettes, sur l’eau morte, frôlaient les joncs, faisaient fuir les poissons rapides à travers les herbes et plonger les poules sauvages dont la tête noire et pointue disparaissait brusquement.J’aime l’eau d’une passion désordonnée : la mer, bien que trop grande, trop remuante, impossible à posséder, les rivières si jolies mais qui passent, qui fuient, qui s’en vont, et les marais surtout où palpite toute l’existence inconnue des bêtes aquatiques. Le marais, c’est un monde entier sur la terre, monde différent, qui a sa vie propre, ses habitants sédentaires, et ses voyageurs de passage, ses voix, ses bruits et son mystère surtout. Rien n’est plus troublant, plus inquiétant, plus effrayant, parfois qu’un marécage. Pourquoi cette peur qui plane sur ces plaines basse couvertes d’eau ? Sont-ce les vagues rumeurs des roseaux, les étranges feux follets, le silence profond qui les enveloppe dans les nuits calmes ou bien les brumes bizarres, qui traînent sur les joncs comme des robes de mortes, ou bien encore l’imperceptible clapotement, si léger, si doux, et plus terrifiant parfois que le canon des hommes ou que le tonnerre du ciel, qui fait ressembler les marais à des pays de rêve, à des pays redoutables cachant un secret inconnaissable et dangereux.Non. Autre chose s’en dégage, un autre mystère, plus profond, plus grave, flotte dans les brouillards épais, le mystère même de la création peut-être ! Car n’est-ce pas dans l’eau stagnante et fangeuse, dans la lourde humidité des terres mouillées sous la chaleur du soleil, que remua, que vibra, que s’ouvrit au jour le premier germe de vie ? »

Guy de Maupassant, Le Horla
 
 
 
 
 

jeudi 13 août 2020

L"atelier de Lecture à voix haute " Voix Vives" se poursuit par skype cet été :

 

Marlen Haushofer : écrire pour transcender sa condition de femme 
Germanica 
http://journals.openedition.org/germanica/1050 

Écrite sous le signe de la séparation et des limites, l’œuvre romanesque de Marlen Haushofer (1920-1970) montre une existence de femme solitaire dans la société moderne. Les personnages se retirent dans un isolement derrière des cloisons ou dans des lieux clos, le mal-être est individuel, il signifie perte des sentiments et des émotions. La vie est teintée d’une profonde angoisse de mort, elle est placée sous le signe du patriarcat. Toute son œuvre est marquée par le surgissement de l’inquiét
l’inquiétude et du fantasme dans l’innocence du quotidien. Le rapport très fort avec les animaux est mis en regard à celui d’avec les humains. Elle remet en question le principe de réalité de la vie dans un combat engagé contre les habitudes de pensée. La langue simple et accessible frappe par son réalisme. Combat contre la folie et la mort, absence de communication entre les êtres, on retrouve dans son œuvre des thèmes classiques de la littérature autrichienne contemporaine.

Régine Battiston, « Marlen Haushofer : écrire pour transcender sa condition de femme »,  Germanica [En ligne], 46 | 2010, mis en ligne le 01 juin 2012, consulté le 13 août 2020. URL : http://journals.openedition.org/germanica/1050 ; DOI : 10.4000/germanica.1050