"J’ai toujours été passionnée par l’histoire de Dracula, J’ai vu tous les films adaptés du roman. Mais, mon entourage m’a incité à lire le livre de Bram Stocker parce qu’il raconte autre chose sur Dracula. Alors, je l’ai lu, et cela fait partie des rares livres que j’ai finis en quatre jours. Je ne pouvais pas m’en détacher, puisque ce qui était passionnant pour moi, c’est que ce livre, au-delà de l’histoire qui fait peur, parle de la solitude, de ces endroits de résistance chez l’être humain lorsqu’il se trouve seul dans une sorte de labyrinthe d’où il ne peut pas sortir."Mina Kavani
"Forough Farrokhzad est très importante pour beaucoup de femmes iraniennes parce qu’elle représente la figure de la femme libre, extrêmement moderne et sauvage. Même si son univers est très sombre, elle m’a énormément inspirée. J’avais envie de parler de Forough Farrokhzad parce qu’elle a un rapport avec la sensualité, l’amour, le monde, la philosophie et, globalement, la vie qui m’inspire énormément. Pour moi, c’est une sorte de Frida Kahlo iranienne dans laquelle je me retrouve."
"Je venais juste de sortir du conservatoire, et j’ai fait une rencontre magique avec la metteuse en scène Barbara Hutt. Elle m’a énormément aidée et a eu une grande influence sur moi. Elle m’a fait découvrir Ingeborg Bachmann, et malgré le fait qu’elle soit autrichienne, je m’en suis sentie très proche. On avait beaucoup de points communs comme l’exil et l’amour passionné. Où que je sois, Ingeborg Bachmann sera toujours avec moi, elle fait partie des plus grandes inspirations de ma vie."Mina Kavani
"J’aime beaucoup quand deux artistes se retrouvent et échangent à travers leur art, leur talent, leur passion et leur intelligence. Dans cette correspondance, il n'y a pas que des lettres d’amour, il y a aussi des interrogations philosophiques et politiques. J’aime quand tout se raconte à travers l’amour et ce qui me passionne, c'est quand l’art et l’amour se mêlent."Mina Kavani
"Une réalisatrice avec laquelle j’ai un futur projet m’a demandé de lire ce livre et cela m’a complètement bouleversé parce qu’on revient, à nouveau, sur la question de la solitude. Le narrateur du roman a eu un accident, à 20 ans, son amoureuse est décédée et il a été totalement défiguré. À partir de ce moment-là, il s’est complètement isolé de la société. Dans ce livre, il raconte la solitude, le manque de la peau, de la chair et du désir. On en revient encore à la solitude de Dracula." Mina Kavani
Archives
Marguerite Duras, émission "Du jour au lendemain", France Culture, 1987
Maria Casarès, émission "Le texte et la marge", France Culture, 1980
Références Musicales
Mahsa Vahdat & Marjan Vahdat, Kronos Quartet, My tresses in the wind
Ce
samedi, vous entendrez un entretien exclusif sur la Francophonie et la
lecture avec Caroline de Monaco, princesse de Hanovre, pour la première
fois à la radio et avec la complicité de Dany Laferrière.
Nous serons avec l’auteure et enseignante belge Marie Colot.
Au moment où la Belgique a vécu l’horreur cette semaine, nous nous
interrogerons sur la façon de parler des violences aux enfants. Elle
publie deux livres pour la jeunesse que nous décrypterons. « Le soleil d’en face », avec les illustrations de Laura Giraud, est paru chez l’éditeur belge Alice Jeunesse. « Nos violences », c’est chez Actes Sud Jeunesse.
L’écrivain et artiste camerounais Marc Alexandre Oho Bambe publie un récit poétique et musical sur l’amour et la transmission. Il interprètera un extrait de son texte en musique. « Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé » publié aux Editions Calmann Levy
Et puis un entretien exceptionnel. Caroline de Monaco,
Princesse de Hanavore a accepté pour la première fois à la radio de
s’exprimer, notamment sur sa passion littéraire et sur la francophonie.
Une interview exclusive avec la participation de Dany Laferrière de
l’Académie française.
Mais
on commence avec l’actualité francophone de la semaine. Il y a une
disparition qui a marqué tout le monde scientifique de la Francophonie
et même au-delà. L’Astrophysicien franco-canadien Hubert Reeves
est mort le 13 octobre dernier. C’était un homme d’une grande sagesse
et d’une grande gentillesse qui restera en nous et dans l’histoire de
cette émission
Les coups de cœur et les coups de gueule des libraires :
Un coup de cœur de Josianne Létourneau, de la Librairie Paulines, à Montréal, au Canada, pour « Résister et fleurir », une bande dessinée de Jean-Félix Chénier et Yoakim Bélange, publiée aux Editions Ecosociété
Un coup de gueule d’Alexandre Dimitrijevic, de la Librairie Delphica, à Genève, en Suisse : Les performances dans les festivals littéraires un moment parfois compliqué
Un coup de cœur de Matthieu Colombe, de la Librairie Goulard, à Aix-en-Provence, en France pour « Belle de mai », un polar de Pascal Escobar, publié aux Editions Le mot et le reste
Un coup de gueule de Déborah Danblon, de la Librairie Le Public, à Bruxelles, en Belgique : Education sexuelle et affective dans les livres jeunesse
Écrivain et universitaire
japonais, Akira Mizubayashi est né en 1951. Après des études à l’université
nationale des langues et civilisations étrangères de Tokyo (UNALCET), il part
pour la France en 1973 et suit à l’université Paul-Valéry de Montpellier une
formation pédagogique pour devenir professeur de français (langue étrangère). Il
revient à Tokyo en 1976, fait une maîtrise de lettres modernes, puis, en 1979
revient en France comme élève de l’École Normale Supérieure (Ulm). De 1983 à
2017, il a enseigné le français à Tokyo, successivement à l’université Meiji, à
l’UNALCET et à l’université Sophia.
Une langue venue d’ailleurs (2011) a reçu de
l’Association des écrivains de langue française le Prix littéraire de l'Asie
2011, de l’Académie française le Prix du Rayonnement de la langue et de la
littérature françaises 2011 et, du Richelieu international-Europe, le Prix
littéraire Richelieu de la francophonie 2013.
Mélodie, Chronique d’une passion
(2013) a obtenu le Prix littéraire 30 Millions d'amis 2013 et le Prix littéraire
de la Société Centrale Canine 2014.
Depuis ont paru Petit éloge de l’errance
(2014), Un amour de Mille-Ans (2017) et Dans les eaux profondes (aux éditions
Arléa 2018). Enfin, en août 2019, Âme brisée a été publié aux Éditions Gallimard
dans le cadre de la rentrée littéraire de septembre. Depuis, Reine de cœur et
Suite inoubliable ont paru aux Éditions Gallimard. Akira Mizubayashi vit à Tokyo
et écrit directement en français.
https://www.mizubayashi.net/
https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Suite-inoubliable Entretien
à l'occasion de la présence d’Akira Mizubayashi à Bruxelles pour une rencontre à
Bozar : "Meet the writer" :
https://www.bozar.be/fr/calendrier/meet-writer-akira-mizubayashi
Programmation
musicale (extraits) :
Ludwig van BEETHOVEN - Le troisième mouvement du Quatuor
n°15 en la mineur op 132. Quatuor Artemis.
Virgin 710208. Franz SCHUBERT - Le
premier mouvement du Quatuor à cordes n°13 en la mineur D 804 dit "Rosamunde".
Jean-Sébastien BACH - Le Prélude de la Suite pour
violoncelle seul n°1 en sol majeur BWV 1007.
Jean-Guihen Queyras. HM 901970.
Pablo CASALS - Le chant des oiseaux.
Ludwig van BEETHOVEN - Un extrait de la
Missa Solemnis. L'Orchestre révolutionnaire et romantique sous la direction de
John Eliot Gardiner. Soli Deo Gloria 718 .
Franz SCHUBERT - Le deuxième
mouvement du Quatuor à cordes n°13 en la mineur D 804 dit "Rosamunde". Quatuor
Modigliani. MIR588. Production et présentation : Axelle THIRY Réalisation :
Thierry LEQUEUX
«Il y a d’abord le temps de l’émotion, du recueil de la parole et de l’affirmation de nos principes. C’est le temps du réconfort et des repères qui sécurisent, de l’acception, de la tristesse et même de la colère et de l’incompréhension, de l’acceptation d’une vulnérabilité inhérente à la condition humaine. Puis viendra le temps de la réflexion et de l’action pour reprendre – avec les moyens qui nous sont dus – notre mission de former des citoyens et citoyennes éclairé.es » écrit Edwige Chirouter, professeure des universités en philosophie de l’éducation.
Je voudrai vous raconter une histoire, mon histoire, au lendemain des attentats contre le Bataclan. A l’époque, je mène une recherche sur les ateliers de philosophie avec une équipe formidable de professeurs des écoles de l’enseignement spécialisé (Ulis, Egpa). Depuis le mois de septembre dans la classe de Guillaume, nous travaillons sur le thème de la violence (distinguer ses différentes formes, interroger bien sûr ses limites ou même ses formes possibles de légitimité). Le 13 novembre (décidément) ont lieu les attentats du Bataclan. Nous sommes effondrés, touchés et presque coulés. On s’appelle avec Guillaume et on se dit que lundi matin nous ne ferons pas l’atelier philo prévu mais plutôt une séance d’accueil de la parole et d’instruction civique plus classique. On télécharge les supports de Mon quotidien, Le P’tit Libé, Astrapi pour donner des repères clairs et éviter les amalgames avec de simples exercices de logique (arabes/musulmans/terroristes…). Lundi, on accueille les enfants et leur dit qu’on ne peut pas faire l’atelier philo car nous sommes trop dans l’émotion. On va donc parler, donner des repères, expliquer. La séance se passe (bien). Quand Florian (10 ans) lève la main et nous lance « Moi, je voudrai poser une question philo quand même ». Guillaume et moi on se regarde sans un mot et on pense bien la même chose (« oh non Florian please… »). Florian : « A la télé ils parlent tout le temps de la « guerre », on est en « guerre » contre les terroristes. Mais en philo on a vu que la guerre, c’est entre des pays, c’est pas comme une bagarre, et en guerre les soldats ils tuent pas les civils, ils ont pas le droit. Alors moi je vous demande est-ce qu’on peut vraiment parler de « guerre » ? ». Guillaume et moi on se regarde (et j’en encore la chair de poule) et on a su que c’était exactement pour ce moment-là qu’on faisait notre métier et qu’on menait des ateliers philo. Pour que des enfants comme Florian, à la maison devant les chaines info en boucle, se demande tout seul si les bons mots sont employés.
Alors après l’effroi et peut être pour certains/certaines d’entre nous le découragement, nous pourrons reprendre notre mission qui à – travers toutes les disciplines enseignées, de la maternelle à l’université – est le socle de la République et de la démocratie. « C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal », disait la philosophe H. Arendt. C’est une école de la pensée dont la République a besoin : une école qui au quotidien soit fraternelle, égalitaire, coopérative, accueillante, qui soit un vrai lieu où s’expérimentent, où s’éprouvent les processus d’émancipation et la reconnaissance. Nous avons besoin d’une politique générale de soutien financier et symbolique du service public d’éducation qui nous donne les moyens de faire vivre l’école à la hauteur de son idéal. Si la réalité est trop en tension ou même en contradiction avec les principes, les élèves ne nous pardonneront pas cette hypocrisie. Alors après le temps de l’émotion, viendra le temps la réflexion et de l’action pour défendre notre école.
Edwige Chirouter
Professeure des universités en philosophie de l’éducation (Université de Nantes – inspé). Titulaire de la Chaire Unesco « Pratiques de la philosophie avec les enfants une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale »
et les livres présentés ce dimanche 15 octobre chez TRAM(e) :
Notre prochain CLUB sera le dimanche 19 novembre 16H30 chez TRAM(e)
jeudi 12 octobre 2023
CLUB de LECTURE animé par christine Henkart de PAS MOI asbl
Ce dimanche 15 octobre 16h30
chez TRAM(e) Av. Van Volxem 71, 1190 Forest - tram 82- arrêt Chataigne
"Ecouter lire pour (se)découvrir , se laisser guider, s'orienter ou se perdre "
Un dimanche par mois, autour d’un café, thé ou autre boisson, un moment avec toutes et tous, à tout âge, de 16h30 à 18h pour échanger, partager ou découvrir nos coups de cœur littéraires . Chacun.e.choisit de parler d’un livre ou simplement d’écouter, en se laissant guider, orienter ou se perdre dans un lieu stimulant, accueillant et tisseur de liens solidaires : TRAM(E) une librairie de quartier forestoise.
L’entrée est libre mais nous vous remercions de nous confirmer votre présence : asblpasmoi@gmail.com
Il
y a quelques jours, nous recevions le neuroscientifique Michel
Desmurget qui nous indiquait, preuves scientifiques à l’appui que la
lecture rendait plus intelligents les enfants et les adolescents… Lire
de vrais livres, pas sur écran pour leur développement, leur créativité,
leurs aptitudes langagières, émotionnelles et sociales.
La lecture un acte essentiel également pour les adultes, par gros temps, quand par l’exemple l’actualité est anxiogène…
Lire
de la philosophie, des ouvrages de développement personnel et de
psychologie, des romans pour le plaisir et aussi pour se consoler…
Ce
matin les philosophes Laurence Devillairs et Thibaut de Saint Maurice,
les journalistes Flavia Mazelin Salvi et Pascale Frey partage leurs
sélections de livre qui font du bien à notre intelligence et à notre
sensibilité…
Et
pour vous, la lecture est-elle essentielle quand vous traversez une
période compliquée ou comme rempart à une actualité difficile ?
Racontez-nous
quels sont les livres qui vous réconfortent au standard et sur WhatsApp
au 01 45 24 7000, sur l’appli France Inter et sur la page Facebook de
l’émission.
avec
Laurence Devillairs est normalienne agrégée et docteure en philosophie, spécialiste du XVIIe siècle.
1. Le Festin de Babette de Karen Blixen : qu’on me donne la chance de donner le meilleur de moi-même
2. Noces de Camus : « Pour revivre, il faut une grâce, l’oubli de soi ou une patrie »
3. Les Pensées de Pascal, parce que l’encre noire console plus que l’encre rose.
4. La Crise de la culture, Arendt, le chapitre sur la liberté : le miracle de commencer quelque chose.
5. De la tranquillité de l’âme de Sénèque : non pas pour tout supporter sans rien dire mais pour être à la hauteur de ce qui nous arrive.
Flavia Mazelin Salvi est
journaliste et autrice spécialisée en psychologie et spiritualité, a
travaillé pendant plus de 20 ans à Psychologies Magazine. Elle est
l'auteure de l'application Zéro Stress
Livre : Ces mots qui nous libèrent - 50 antidotes à la négativité, la peur et l'anxiété, Le Courrier du livre, mai 2023
Ses recommandations :
1. Imparfaits, libres et heureux de Christophe André (Odile Jacob)
2. A chacun sa mission de Jean Monbourquette (Bayard)
3. Aimer ce qui est, de Byron Katie (Ariane)
4. Les 4 peurs qui nous empêchent de vivre de Eudes Séméria (Albin Michel)
5. Le cerveau du bonheur, de Rick Hanson (Les Arènes)
Pascale Frey est journaliste littéraire indépendante.
Ses recommandations :
1. Une façon d’aimer de Dominique Barbéris (Gallimard)
2. L’hôtel des oiseaux de Joyce Maynard (Philippe Rey)
3. Chéri de Colette
4. Orgueil et préjugés de Jane Austen
5. La saga des Bridgerton de Julia Quinn (Pygmalion)
Thibaut de Saint Maurice est philosophe, essayiste et créateur du Paris Podcast Festival
Parmi les heures les plus merveilleuses de mon enfance, la lecture des aventures de Fantômette, du Club des Cinq ou des Six compagnons, dans la Bibliothèque rose et verte, dilatation du temps qui passe, plaisir des mots, immersion dans un univers d’amis pour la vie. Plus tard, à l’adolescence plaisir identique à la lecture des contes et nouvelles de Maupassant ou des romans de Françoise Sagan. Et pour toujours le plaisir intact de passer des heures avec les personnages de Philip Roth, Jonathan Coe, Jane Austen, Tolstoï, Dickens ou Tom Wolfe. La lecture pour le plaisir qui reste un puissant antidote pour ne pas devenir un crétin digital… Lire rend nos enfants plus intelligents, c'est prouvé scientifiquement
La lecture, une formidable machine à fabriquer de l’intelligence
Dans son précédent livreDans la fabrique du crétin digital,Michel Desmurget, docteur en neurosciences, dénonçait l’effet néfaste des écrans sur le cerveau de nos enfants. Il faisait l’amer constat que les enfants, même très jeunes, passent beaucoup trop de temps devant les écrans et que cet environnement n’a aucun effet bénéfique sur leur développement cérébral. L’exposition aux écrans a des effets délétères sur leur sommeil, leurs interactions intrafamiliales qui fondent le développement du langage, essentielles à la lecture.
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Après la parution de son livre, il s’est penché sur la littérature scientifique pour trouver quelles activités étaient bénéfiques pour développer l’intelligence et il en a trouvé de nombreuses : la musique, l'art, le sport, le jeu, mais la lecture se démarque de toutes « je n'en ai trouvé aucune qui ait des effets aussi larges, aussi profonds, aussi unanimes et surtout aussi transversaux que la lecture ». Cette particularité s’explique « parce quela lecture va vraiment affecter toutes les autres compétences. Elle a desimpacts majeurs sur le langage, l'imagination, la créativité, l'expression écrite. Plus nous lisons, plus nous sommes capables destructurer notre pensée, d'organiser nos idées. Et plus les enfants lisent et plus ils sont à l'aise à l'oral aussi ». Lire développe l’intelligence, augmente le QI maiselle forge aussi notre intelligence sociale et émotionnelle :« les chercheurs parlent de simulation sociale et ce qui est intéressant, c’est que ce sont les mêmes réseaux neuronaux qui vont s'activer, la façon dont le cerveau va réagir à un sentiment, à une émotion réellement vécue qu’à une émotion vécue dans un bouquin ».
Les bénéfices de la lecture sont innombrables mais est-ce que les effets sont les mêmes lorsque l’on lit sur papier ou sur écran ? Quel type de lecture est à privilégier ?
Comment lire intelligemment ?
Préférez le livre papier à l’écran
Pour le neuroscientifique, auteur de « Faites les lire ! »le papier est infiniment supérieur à l’écran. Si l’enfant lit sur un téléphone ou une tablette, celui-ci a de fortes chances de se laisser déconcentrer par des liens hypertextes, des notifications de réseaux sociaux. Dans le cas où l’on lit sur une liseuse, il n’existe pas de différence par rapport au papier en revanche ce qui va être différent c’est la difficulté du texte « plus le texte va devenir exigeant et plus il y a un bénéfice du papier, la concentration semble plus facile, la lecture est plus superficielle sur écran parce que l’on associe sûrement les écrans aussi à des choses récréatives. Donc on lit plus vite, on lit de façon plus partielle ».
L’autre raison évoquée par le chercheur estl’unité spatiale des livres papier qui permettent une meilleure mémorisation de la chronologieet de l’organisation des évènements. Nous sommes ainsi en mesure de construire une représentation mentale.
Les romans plutôt que les mangas ou les magazines
Toutes les lectures ne se valent pas. La lecture d'un magazine ou d'un blog n'a pas exactement les mêmes effets sur la construction cérébrale que la lecture d'un roman. Il a été prouvé scientifiquement quele livre de fiction a plus d'influence sur le développement intellectuel,langagier d'un enfant que la lecture d'un magazine ou d'une BD. Michel Desmurget l’explique par le fait que l’ « on met plus d'informations dans un chapitre de livre au niveau langagier, notamment au niveau connaissances, que dans une bulle de manga. Il ne s'agit pas de dire que les enfants ne doivent pas lire des magazines, des mangas ou des BD mais ça veut dire que si la diète de lecture de l'enfant n'est composée que de ce type de lectures alors il ne moissonnera pas tous les effets bénéfiques de la lecture ».
La pratique de la lecture s’est effondrée au cours des 50 dernières années. Selon le programme PISA (programme international pour le suivi des acquis ) des élèves créé par l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économique, la France compte beaucoup de lecteurs faibles et peu de lecteurs avancés.
Lire des histoires aux enfants le plus tôt et le plus tard possible
Michel Desmurget préconise àla famille de sensibiliser son enfant à la lecture dès son plus jeune âge « Les études montrent qu'il faut lire des histoires aux enfants le plus tôt possible. Entre trois et six mois, on a plein d'effets positifs. Il y a même des études avec des prématurés qui montrent que dès la naissance, cela a des effets positifs sur les interactions, les émotions, la dynamique familiale ».Celui-ci insiste sur le fait decontinuer à leur lire des histoires le plus tard possible, même lorsqu’ils apprennent à lire. Le neuroscientifique explique que l’école ne suffit pas à faire de l’enfant un lecteur « les parents considèrent que l’on apprend à lire au CP ou on considère que l'apprentissage de la lecture se réduit au décodage. Mais ce n'est pas du tout cela. Le décodage, c'est la raquette du tennis, c'est essentiel. On ne peut pas jouer sans, mais ce n'est pas lui qui fait l'expertise. La lecture, c'est comprendre. Et encore une fois, on l'a dit, il y a beaucoup plus de richesse langagière et plus de connaissances dans les livres et petit à petit, il faut construire ça et ça se construit à travers la lecture partagée ». De mêmeil est important de l’accompagner afin qu’il ne se dégoûte pas de la lecture« donner aux enfants des livres qui sont en dehors de leur compétence, c’est le meilleur moyen qu’ils se cassent les dents, de les mettre en échec et de faire en sorte qu'ils soient à jamais dégoûtés de la lecture ».
Aborder la lecture de façon plus ludique
Le mode de transmission de la littérature à l’école est le plus souvent vécu par les jeunes comme une contrainte. Gautier Morax, concepteur et directeur du festivalLivrodrome,souligne que nous vivons dans une « époque où il y a une concurrence des loisirs. Je pense que le jeu vidéo, les téléphones sont vécus comme quelque chose de très ludique et dans le fond, de très récréatif. Ce qui n'est pas le cas du livre ».
Le Livrodromeest né d’un projet initié en 2018 par le Centre national du livre. Sa vocation « redonner le goût et le plaisir de lire à partir de dix ou onze ans, âge décisif où la question de la lecture en famille, quand elle existe, disparaît ». Gautier Morax explique « la réponse que j'ai imaginée, c’estune fête foraine littéraire, l’été, itinérante en France, que l'on construit dans chaque territoire pendant six mois avec les acteurs culturels du territoire, avec lesquels on va essayerd'imaginer une mise en scène singulière de la littérature, de nouveaux dispositifs de médiation ».Il donne en exemple « la cabine d'ordonnance littéraire. Je m'assois dans une cabine et plutôt que d'avoir en gros 15 000 bouquins devant moi, j'ai un libraire ou un bibliothécaire avec qui je vais échanger, avec qui je vais parler de mon rapport au livre ou de mes goûts, de mes intérêts. Et celui-ci va me prescrire un livre ».Celui-ci explique que l’impact est immédiat, c’est-à-dire que l’on voit des jeunes sortir de la cabine pour aller se procurer le livre s'il existe dans la librairie duLivrodrome, soit ultérieurement dans le réseau des librairies indépendantes de la ville en question. Au fil des saisons du festival, Gautier Morax fait le constat « oui, les jeunes lisent moins et on renverse ce constat pour dire qu’il y a un attrait pour la littérature, il faut simplement la mettre en scène différemment ».