mardi 3 octobre 2023

Pourquoi la lecture rend nos enfants plus intelligents ?

 

 


 

 Provenant du podcastGrand bien vous fasse !


https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-du-mercredi-27-septembre-2023-9673487#:~:text=Cette particularité s'explique « parce,, d'organiser nos idées.

Comment la lecture construit nos enfants ?

Avec

Parmi les heures les plus merveilleuses de mon enfance, la lecture des aventures de Fantômette, du Club des Cinq ou des Six compagnons, dans la Bibliothèque rose et verte, dilatation du temps qui passe, plaisir des mots, immersion dans un univers d’amis pour la vie. Plus tard, à l’adolescence plaisir identique à la lecture des contes et nouvelles de Maupassant ou des romans de Françoise Sagan. Et pour toujours le plaisir intact de passer des heures avec les personnages de Philip Roth, Jonathan Coe, Jane Austen, Tolstoï, Dickens ou Tom Wolfe. La lecture pour le plaisir qui reste un puissant antidote pour ne pas devenir un crétin digital…
Lire rend nos enfants plus intelligents, c'est prouvé scientifiquement

 

La lecture, une formidable machine à fabriquer de l’intelligence

Dans son précédent livre Dans la fabrique du crétin digital, Michel Desmurget, docteur en neurosciences, dénonçait l’effet néfaste des écrans sur le cerveau de nos enfants. Il faisait l’amer constat que les enfants, même très jeunes, passent beaucoup trop de temps devant les écrans et que cet environnement n’a aucun effet bénéfique sur leur développement cérébral. L’exposition aux écrans a des effets délétères sur leur sommeil, leurs interactions intrafamiliales qui fondent le développement du langage, essentielles à la lecture.

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Après la parution de son livre, il s’est penché sur la littérature scientifique pour trouver quelles activités étaient bénéfiques pour développer l’intelligence et il en a trouvé de nombreuses : la musique, l'art, le sport, le jeu, mais la lecture se démarque de toutes « je n'en ai trouvé aucune qui ait des effets aussi larges, aussi profonds, aussi unanimes et surtout aussi transversaux que la lecture ». Cette particularité s’explique « parce que la lecture va vraiment affecter toutes les autres compétences. Elle a des impacts majeurs sur le langage, l'imagination, la créativité, l'expression écrite. Plus nous lisons, plus nous sommes capables de structurer notre pensée, d'organiser nos idées. Et plus les enfants lisent et plus ils sont à l'aise à l'oral aussi ». Lire développe l’intelligence, augmente le QI mais elle forge aussi notre intelligence sociale et émotionnelle : « les chercheurs parlent de simulation sociale et ce qui est intéressant, c’est que ce sont les mêmes réseaux neuronaux qui vont s'activer, la façon dont le cerveau va réagir à un sentiment, à une émotion réellement vécue qu’à une émotion vécue dans un bouquin ».

Les bénéfices de la lecture sont innombrables mais est-ce que les effets sont les mêmes lorsque l’on lit sur papier ou sur écran ? Quel type de lecture est à privilégier ?

Comment lire intelligemment ?

  • Préférez le livre papier à l’écran

Pour le neuroscientifique, auteur de « Faites les lire ! » le papier est infiniment supérieur à l’écran.
Si l’enfant lit sur un téléphone ou une tablette, celui-ci a de fortes chances de se laisser déconcentrer par des liens hypertextes, des notifications de réseaux sociaux. Dans le cas où l’on lit sur une liseuse, il n’existe pas de différence par rapport au papier en revanche ce qui va être différent c’est la difficulté du texte « plus le texte va devenir exigeant et plus il y a un bénéfice du papier, la concentration semble plus facile, la lecture est plus superficielle sur écran parce que l’on associe sûrement les écrans aussi à des choses récréatives. Donc on lit plus vite, on lit de façon plus partielle ».

L’autre raison évoquée par le chercheur est l’unité spatiale des livres papier qui permettent une meilleure mémorisation de la chronologieet de l’organisation des évènements. Nous sommes ainsi en mesure de construire une représentation mentale.


  • Les romans plutôt que les mangas ou les magazines

Toutes les lectures ne se valent pas. La lecture d'un magazine ou d'un blog n'a pas exactement les mêmes effets sur la construction cérébrale que la lecture d'un roman. Il a été prouvé scientifiquement que le livre de fiction a plus d'influence sur le développement intellectuel, langagier d'un enfant que la lecture d'un magazine ou d'une BD. Michel Desmurget l’explique par le fait que l’ « on met plus d'informations dans un chapitre de livre au niveau langagier, notamment au niveau connaissances, que dans une bulle de manga. Il ne s'agit pas de dire que les enfants ne doivent pas lire des magazines, des mangas ou des BD mais ça veut dire que si la diète de lecture de l'enfant n'est composée que de ce type de lectures alors il ne moissonnera pas tous les effets bénéfiques de la lecture ».

La pratique de la lecture s’est effondrée au cours des 50 dernières années. Selon le programme PISA (programme international pour le suivi des acquis ) des élèves créé par l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économique, la France compte beaucoup de lecteurs faibles et peu de lecteurs avancés.

Comment donner envie de lire à nos enfants ?

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  • Lire des histoires aux enfants le plus tôt et le plus tard possible

Michel Desmurget préconise à la famille de sensibiliser son enfant à la lecture dès son plus jeune âge « Les études montrent qu'il faut lire des histoires aux enfants le plus tôt possible. Entre trois et six mois, on a plein d'effets positifs. Il y a même des études avec des prématurés qui montrent que dès la naissance, cela a des effets positifs sur les interactions, les émotions, la dynamique familiale ». Celui-ci insiste sur le fait de continuer à leur lire des histoires le plus tard possible, même lorsqu’ils apprennent à lire.
Le neuroscientifique explique que l’école ne suffit pas à faire de l’enfant un lecteur « les parents considèrent que l’on apprend à lire au CP ou on considère que l'apprentissage de la lecture se réduit au décodage. Mais ce n'est pas du tout cela. Le décodage, c'est la raquette du tennis, c'est essentiel. On ne peut pas jouer sans, mais ce n'est pas lui qui fait l'expertise. La lecture, c'est comprendre. Et encore une fois, on l'a dit, il y a beaucoup plus de richesse langagière et plus de connaissances dans les livres et petit à petit, il faut construire ça et ça se construit à travers la lecture partagée ». De même il est important de l’accompagner afin qu’il ne se dégoûte pas de la lecture « donner aux enfants des livres qui sont en dehors de leur compétence, c’est le meilleur moyen qu’ils se cassent les dents, de les mettre en échec et de faire en sorte qu'ils soient à jamais dégoûtés de la lecture ».

  • Aborder la lecture de façon plus ludique

Le mode de transmission de la littérature à l’école est le plus souvent vécu par les jeunes comme une contrainte. Gautier Morax, concepteur et directeur du festival Livrodrome, souligne que nous vivons dans une « époque où il y a une concurrence des loisirs. Je pense que le jeu vidéo, les téléphones sont vécus comme quelque chose de très ludique et dans le fond, de très récréatif. Ce qui n'est pas le cas du livre ».

Le Livrodrome est né d’un projet initié en 2018 par le Centre national du livre. Sa vocation « redonner le goût et le plaisir de lire à partir de dix ou onze ans, âge décisif où la question de la lecture en famille, quand elle existe, disparaît ». Gautier Morax explique « la réponse que j'ai imaginée, c’est une fête foraine littéraire, l’été, itinérante en France, que l'on construit dans chaque territoire pendant six mois avec les acteurs culturels du territoire, avec lesquels on va essayer d'imaginer une mise en scène singulière de la littérature, de nouveaux dispositifs de médiation ». Il donne en exemple « la cabine d'ordonnance littéraire. Je m'assois dans une cabine et plutôt que d'avoir en gros 15 000 bouquins devant moi, j'ai un libraire ou un bibliothécaire avec qui je vais échanger, avec qui je vais parler de mon rapport au livre ou de mes goûts, de mes intérêts. Et celui-ci va me prescrire un livre ». Celui-ci explique que l’impact est immédiat, c’est-à-dire que l’on voit des jeunes sortir de la cabine pour aller se procurer le livre s'il existe dans la librairie du Livrodrome , soit ultérieurement dans le réseau des librairies indépendantes de la ville en question. Au fil des saisons du festival, Gautier Morax fait le constat « oui, les jeunes lisent moins et on renverse ce constat pour dire qu’il y a un attrait pour la littérature, il faut simplement la mettre en scène différemment ».



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