samedi 6 septembre 2025

Dans le bibliothèque de ...

Dans la bibliothèque d’Anne Garréta : épisode 1/11 du podcast Dans la bibliothèque de...: 

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-book-club/dans-la-bibliotheque-d-anne-garreta-7909786

Anne Garréta, romancière, lauréate du Prix Médicis 2002 et oulipienne, nous reçoit chez elle et nous fait visiter sa bibliothèque. On y navigue entre les siècles, de Madame de Lafayette à George Sand, en passant par Rousseau, Flaubert, ou encore Laure Murat et Christine Angot. Avec Anne Garréta, ecrivaine, membre de l’Oulipo, enseigne la littérature aux Etats-Unis ainsi qu’à l’université Rennes 2 En 2006, pour la bibliothèque oulipienne, Anne Garréta produit un court texte inspiré de Penser/Classer Georges Perec, paru 21 ans plus tôt. Elle y constate que la bibliothèque débordante de son couloir l'empêche d'atteindre la machine à laver le linge. Donc, elle imagine quelques principes de classement pour cette bibliothèque, réunis sous un nouveau titre Impenser/Déclasser, dont voici quelques exemples savoureux : "livres où l'on rencontre des baleines. Livres qui ne présentent pas la moindre petite baleine. Livres d'où ont disparu, on ne sait pourquoi, les baleines qu'on imaginait. Livres sensément érotiques qui vous ont laissé de marbre .Livres casaniers, livres nomades, livres dont on a parlé avec quelqu'un qu'on aimait ". Par conséquent, il faut chercher dans l'esprit d’Anne Garréta pour trouver un livre dans sa bibliothèque, mais, elle, elle sait parfaitement où tout se trouve. De passage à Paris, elle nous accueille dans un endroit rempli de livres, à l’exception d’une pièce qui abrite de quoi faire de la musique. Son roman Sphinx reparaît dans la collection L'imaginaire de Gallimard 40 ans après qu'elle l'a écrit. C'est un texte marquant sur le désir, l'amour, le manque, la passion, la danse, la transe, l'écriture, dans lequel aucun des personnages n'est genré. Alors, suivons Anne Garréta dans le dédale de ses rayonnages, puis asseyons-nous pour découvrir les extraits qu’elle a choisis de partager avec nous, dans un tissage éloquent, précis et fourmillant d'échos au présent et d'échos tout court.

Nuit de l’Oulipo 2/2 (2/9) : Cinquante choses qu’il ne faut pas oublier de faire avant de mourir, par Georges Perec Les Nuits de France Culture Les Choix d'Anne Garréta 

 Nuit de l’Oulipo 2/2 (2/9) : Cinquante choses qu’il ne faut pas oublier de faire avant de mourir, par Georges Perec




Madame de Lafayette, La princesse de Clèves (Flammarion) 

 "J’ai choisi ce texte Pour la finesse de l'analyse de ce qui détermine la conduite d'une femme de cette époque et qui n'est pas une analyse totalement abstraite. Cela touche à l'état du corps, à l'état de la santé, aux habitudes de vie de la princesse de Clèves. Madame de Clèves analyse avec une acuité parfaite les conditions dans lesquelles une femme peut éprouver de la passion dans une société de cour et les conséquences que cela peut entraîner." Anne Garréta "La Princesse de Clèves" de Madame de La Fayette Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (Flammarion) "Ce qui m'a toujours frappée dans ce texte, c'est que Jean-Jacques Rousseau parle de l'animal spectateur et de l'animal souffrant. C’est animal, avant la raison, et avant l'humanité en tant qu'elle se sépare ou prétend se séparer de l'animalité. Cela signifie que, si on ne devait compter que sur le calcul rationnel et la ratiocination des intérêts, nous irions directement à la catastrophe. C’est ce que l'on voit tous les jours avec le capitalisme, dans sa forme contemporaine la plus achevée." 

 

 Flaubert et George Sand, Correspondance (Hachette/BNF) 

"Plus le temps passe, plus j’apprécie par-dessus tout Flaubert et George Sand. La correspondance de Flaubert est incroyable. Cet homme sentait profondément les choses, et c'est son point de contact avec Georges Sand. Il n'est pas tombé, il n'a pas chu, dans la dessiccation idéologique de son époque. Il en est de même pour George Sand. Ils ont gardé leur vie et leur sensibilité à vif et ils ne se sont pas anesthésiés et desséchés dans la bêtise." 

 

 Laure Murat, Proust, roman familial (Robert Laffont)

 "Je trouve que c’est un livre excellent, parfaitement érudit, qui nous dit beaucoup de choses sur Proust, mais également, qui qui articule la littérature à une expérience sensible, une expérience de vie. Laure Murat est issue d’une famille extrêmement conservatrice et aristocratique. Elle s’est totalement rebellée contre les normes et les attentes de cette société et de ce milieu. Pour s'en émanciper, mais aussi pour se consoler de la perte de ce confort, elle a trouvé dans Proust à la fois une arme, un secours et un extraordinaire outil d’analyse." "Proust est immense parce qu'il nous parle de notre faiblesse"

 

Christine Angot, L’inceste (Stock)>  

"Ce livre de Christine Angot a beaucoup marqué les esprits et elle a pris cher pour avoir osé dire ce qu’elle y a écrit. Je pense que, s'il n'y avait pas eu ce livre, tout un tas d'autres n'auraient jamais été possibles." Anne Garréta À lire aussi Christine Angot, écrivaine et réalisatrice : "La caméra est une protection intérieure, non pas une arme"

 

 Les Midis de Culture Marie Darrieussecq, Truismes (P.O.L) " 

Ce livre de Marie Darrieussecq est extraordinaire. Avec une simplicité, une naïveté retorse confondante, elle nous explique que de devenir femme, c'est, grosso modo, être transformée en animal. Cela commence pour une raison très simple, il y a des conditions économiques et sociales précises, qui font que cette femme devient une truie par une nécessité qui n'est pas une nécessité allégorique abstraite." Anne Garréta À lire aussi Marie Darrieussecq, écrivaine : "Mon roman est fondé sur les ratages de l'hétérosexualité"