Pour notre Atelier (virtuel) de ce mercredi 3 juin :
«Tous ensemble et chacun chez soi « .
Une façon symbolique d’être ensemble tout en restant chez soi !:
Voici les deux propositions du jour :
1- « La Cerisaie • Peter Brook » de Théâtre des Bouffes du Nord :
« Toute la Russie est notre cerisaie. La terre est vaste et belle, il y a beaucoup d'endroits splendides.
[Pause]
Imaginez, Ania : votre grand-père, votre arrière-grand-père, tous vos ancêtres possédaient des esclaves, ils possédaient des âmes vivantes, et ne sentez-vous pas dans chaque fruit de votre cerisaie, dans chaque feuille, dans chaque tronc, des créatures humaines qui vous regardent, n'entendez-vous donc pas leurs voix ?... Posséder des âmes vivantes - mais cela vous a dégénérés, vous tous, vivants ou morts, si bien que votre mère, vous, votre oncle, vous ne voyez même plus que vous vivez de dettes, sur le compte des autres, le compte de ces gens que vous laissez à peine entrer dans votre vestibule... Nous sommes en retard d'au moins deux siècles, nous n'avons rien de rien, pas de rapport défini avec notre passé, nous ne faisons que philosopher, nous plaindre de l'ennui ou boire de la vodka. C'est tellement clair, pour commencer à vivre dans le présent, il faut d'abord racheter notre passé, en finir avec lui, et l'on ne peut le racheter qu'au prix de la souffrance, au prix d'un labeur inouï et sans relâche. Comprenez cela, Ania. »
— Anton Tchekhov, La Cerisaie (tirade de Trofimov, à la fin de l'acte II)
C’est la différence essentielle entre le théâtre et la vie. Que dans la vie, nous sommes tous engagés d’une manière très forte à notre point de vue, nous avons beaucoup de mal à en sortir. Dans le théâtre, on est libre d’être à la fois engagé et objectif. Si l’acteur joue bien et si la pièce est forte, on prend totalement son point de vue. Mais le moment où il s’arrête de parler, on est libre d’entrer totalement dans le corps et l’âme de l’autre et de prendre un autre point de vue. Donc, dans une pièce d’un très grand auteur comme Tchekhov, on vit d’une manière très intense les points de vue contradictoires. De cette manière, le public lui-même n’est jamais juge, mais il participe. Alors, si par exemple le rôle de la Lopakhine est joué d’une manière juste, on est comme l’auteur, on n’est ni pour ni contre, on le comprend ! Et on comprend en même temps et avec la même vigueur et la même force ce qui s'oppose à lui.
Pour notre Atelier (virtuel) de ce mercredi 3 juin :
«Tous ensemble et chacun chez soi « .Une façon symbolique d’être ensemble tout en restant chez soi !:
Voici les deux propositions du jour :
1- « La Cerisaie • Peter Brook » de Théâtre des Bouffes du Nord :
« Toute la Russie est notre cerisaie. La terre est vaste et belle, il y a beaucoup d'endroits splendides.
[Pause]
Imaginez, Ania : votre grand-père, votre arrière-grand-père, tous vos ancêtres possédaient des esclaves, ils possédaient des âmes vivantes, et ne sentez-vous pas dans chaque fruit de votre cerisaie, dans chaque feuille, dans chaque tronc, des créatures humaines qui vous regardent, n'entendez-vous donc pas leurs voix ?... Posséder des âmes vivantes - mais cela vous a dégénérés, vous tous, vivants ou morts, si bien que votre mère, vous, votre oncle, vous ne voyez même plus que vous vivez de dettes, sur le compte des autres, le compte de ces gens que vous laissez à peine entrer dans votre vestibule... Nous sommes en retard d'au moins deux siècles, nous n'avons rien de rien, pas de rapport défini avec notre passé, nous ne faisons que philosopher, nous plaindre de l'ennui ou boire de la vodka. C'est tellement clair, pour commencer à vivre dans le présent, il faut d'abord racheter notre passé, en finir avec lui, et l'on ne peut le racheter qu'au prix de la souffrance, au prix d'un labeur inouï et sans relâche. Comprenez cela, Ania. »
[Pause]
Imaginez, Ania : votre grand-père, votre arrière-grand-père, tous vos ancêtres possédaient des esclaves, ils possédaient des âmes vivantes, et ne sentez-vous pas dans chaque fruit de votre cerisaie, dans chaque feuille, dans chaque tronc, des créatures humaines qui vous regardent, n'entendez-vous donc pas leurs voix ?... Posséder des âmes vivantes - mais cela vous a dégénérés, vous tous, vivants ou morts, si bien que votre mère, vous, votre oncle, vous ne voyez même plus que vous vivez de dettes, sur le compte des autres, le compte de ces gens que vous laissez à peine entrer dans votre vestibule... Nous sommes en retard d'au moins deux siècles, nous n'avons rien de rien, pas de rapport défini avec notre passé, nous ne faisons que philosopher, nous plaindre de l'ennui ou boire de la vodka. C'est tellement clair, pour commencer à vivre dans le présent, il faut d'abord racheter notre passé, en finir avec lui, et l'on ne peut le racheter qu'au prix de la souffrance, au prix d'un labeur inouï et sans relâche. Comprenez cela, Ania. »
Peter BROOK
2- SERAPHINE de Martin PROVOST( à écouter)
https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-theatre-et-cie/seraphine-de-martin-provost-1
Le scénario de Martin Provost Séraphine retrace la vie de Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis. Ceci est une histoire vraie. Dans les années 1910, un grand critique d'art, Wilhelm Uhde, installé à Senlis, découvre par hasard, dans un coin, un petit tableau représentant des fruits et qu'il prend pour un Cézanne. Mais c'est Séraphine, sa femme de ménage, qui l'a peint. Séraphine a alors 48 ans. Petite paysanne orpheline, elle rêvait d'être bonne soeur mais a dû se contenter pendant 30 ans de s'occuper du ménage au Couvent de Cluny à Senlis. Un jour, à la cathédrale, son ange gardien lui a soufflé de se mettre à la peinture. Elle l'a fait, sans aucune formation, utilisant instinctivement des pigments naturels de fleurs, de feuilles, d'écorces, de la boue, du sang, mélangés au Ripolin acheté chez le quincaillier. Wilhelm Uhde, fasciné, devient son mécène. De cette improbable relation sortiront, pendant une quinzaine d'années, des toiles inspirées, de plus en plus somptueuses, de plus en plus hallucinées, créées la nuit comme sous hypnose, portées à la fois par le divin et par des démons intérieurs. Séraphine basculera dans la folie et s'éteindra en 1942 dans un asile de l'Oise. Ses toiles sont aujourd'hui exposées dans le monde entier. Elle est connue sous le nom de Séraphine de Senlis
Réalisation : Christine Bernard - Sugy
Distribution : Jacques Gamblin (le narrateur), Clotilde Mollet (Séraphine), Georges Claisse (Wilhelm Uhde)
Et par ordre d'apparition : Catherine Hiegel (Mme Duphot), Andrea Schieffer (Anne Marie), Danièle Rezzi (l'intendante), Jean Yves Duparc et Brigitte Winstel (les bouchers), Frédéric Bouraly (Duval), Emilie Gavois Kahn (la logeuse) Edith Scob (la mère supérieur), Marie Dupuis (Soeur Marguerite), Antoine Gouy (Anatole Duphot), David Geselson (le journaliste), Renaud Serraz (Helmut), Adeline Zarudianski (Minouche), Delphine Zucker (Marie Louise), Johanna Nizard (Mme Delgorges), Hortense Montsaingeon, Julie Timmerman (les ouvrières), Daniel Delabesse (le docteur)
Et les voix de : Ange Amiel, Myren Astree, Estelle Bealem, Aurore Bonjour, Jeanne Candel, Alain Christie, Agathe Cemin, Jacqueline Dane, Lynda Devanneaux, Sophie Gubri, Sylvain Elie, Johannes Maria Lansche, Claire Latreille Fabien Lucciarini, Joachim Salinger, Perrine Tourneux, Marc Wels, Brigitte Zarza Equipe de réalisation : Bruitage : Patrick Martinache
Prise de son, montage, mixage : Claude Niort, Emilie Couet
Assistante àla réalisation : Annabelle Brouar
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