dimanche 28 avril 2024

"Juste la fin du monde" de Jean-Luc Lagarce

 

      Dimanche 28 avril 2024 (première diffusion le dimanche 21 mars 2021)

                              "Juste la fin du monde" 
 A écouter sur France culture : 
 
 
                                                          
Le fils retourne dans sa famille pour l’informer de sa mort prochaine. Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles. De cette visite qu’il voulait définitive, le fils repartira sans avoir rien dit.

Louis, trente-quatre ans, est à l'aube de sa mort. Il a peur, mais il a décidé : il retournera voir sa famille. Après un très long silence ponctué de cartes postales, « petites lettres elliptiques », il parlera. Lors d'une ultime visite, il annoncera sa mort prochaine à sa mère, à sa petite sœur Suzanne, et à son frère Antoine. A la discrète Catherine, la femme de celui-ci, il parlera aussi. Mais le retour inespéré du fils aîné dans « la maison de la mère » ranime d'anciennes querelles et de vieux fantômes de famille. Les mots s'empêtrent et les malentendus s'accumulent sous l'œil de la mère, car à la ville, "vous vivez d'une drôle de manière", dit-elle. Digressions, arrêts brusques, redites, la parole est en errance. Chacun tente de rattraper le temps perdu. Expression maladroite de la solitude, du doute, du manque, de l'envie, et de l'amour dissimulé sous un voile de rancœur. Finalement, Louis repart sans avoir pu se livrer, « sans jamais avoir osé faire tout ce mal », emportant à jamais son secret, comme si le silence était la seule issue.

Une lecture dirigée par François Berreur, enregistrée en public au Festival d’Avignon en juillet 2007, réalisation Marguerite Gateau

Avec Elisabeth Mazev, Danièle Lebrun, Clotilde Mollet, Laurent Poitrenaux et Bruno Wolkowitch

Œuvre au programme du baccalauréat de français 2024.

En 2020, la pièce a intégré la liste des œuvres inscrites au programme de français de première pour les épreuves anticipées du baccalauréat sections générales et technologiques. Elle est traduite en 18 langues et est inscrite au répertoire de la Comédie-Française depuis 2007 (Molière du meilleur spectacle). Elle a étéadaptée au cinéma par Xavier Dolan (Grand Prix du Festival de Cannes, César de la réalisation).

L’œuvre de Jean-Luc Lagarce est publiée aux éditions Les Solitaires intempestifs.

Cette fiction appartient à la sélection "Les chefs-d'œuvre inoubliables".

59 min

Cette œuvre mise au programme des lycéens n’existerait pas sans le soutien indéfectible de deux personnalités du monde du théâtre  Micheline et Lucien Attoun. Tous deux avaient créé Théâtre ouvert, un lieu destiné aux écritures dramatiques contemporaines. Ils furent les premiers à lire les pièces du tout jeune Lagarce. Grâce aux Attoun, Lagarce a pu développer une œuvre, dans la confiance. Ils ont publié ses pièces, ont permis des lectures et des mises en scène. Grâce à Lucien attoun une grande partie de ses pièces a été enregistrée pour France Culture. Lucien Attoun est mort en avril 2023. Micheline Attoun, nommée par Lagarce "Attounette" et surtout comme sa seconde maman, est morte à son tour en mars 2024. A l’occasion de la diffusion de Juste la fin du monde, nous avons choisi de rendre Hommage à Micheline, dont le travail peut-être parfois plus dans l’ombre que Lucien est néanmoins fondateur du théâtre d’aujourd’hui. En 2011, pour les 40 ans de Théâtre Ouvert, Micheline d’ordinaire discrète sur son itinéraire avait accepté de répondre à quelques questions pour France culture au micro de Blandine Masson

Micheline Attoun avec Blandine Masson

27 min

Fictions / Perspectives contemporaines | 08 - 09


Jean-Luc Lagarce est né le 14 février 1957 à Héricourt (Haute-Saône) ; il passe son enfance à Valentigney (Doubs) où ses parents sont ouvriers aux usines Peugeot-cycles. En 1975, pour suivre des études de philosophie, il vient à Besançon où parallèlement il est élève au conservatoire de région d’art dramatique. Il fonde en 1977 avec d’autres élèves une compagnie théâtrale amateur, le "Théâtre de la Roulotte" (en hommage à Jean Vilar), dans laquelle il assume le rôle de metteur en scène montant Beckett, Goldoni, mais aussi ses premiers textes.

En 1979, sa pièce Carthage, encore est diffusée par France Culture dans le "nouveau répertoire dramatique" dirigé par Lucien Attoun qui régulièrement enregistrera ses textes. En 1980, il obtient sa maîtrise de philosophie en rédigeant Théâtre et Pouvoir en Occident. Suite à sa rencontre avec Jacques Fornier, le Théâtre de la Roulotte devient en 1981 une compagnie professionnelle où Jean-Luc Lagarce réalisera 20 mises en scène en alternant créations d’auteurs classiques, adaptations de textes non théâtraux et mises en scène de ses propres textes. En 1982, Voyage de Madame Knipper vers la Prusse Orientale est mis en scène par Jean- Claude Fall au Petit Odéon programmé par la Comédie-Française (son premier texte à être monté par un metteur en scène extérieur à sa compagnie et à être publié sous forme de tapuscrit par Théâtre Ouvert). Jean-Luc Lagarce verra seulement quatre de ses textes montés par d’autres metteurs en scène – après 1990, aucun ne le sera –, mais il ne se sentira pas un auteur « malheureux », il est un auteur reconnu et ses pièces sont accessibles, lues, voire mises en espace ou publiées. C’est en 1988 qu’il apprend sa séropositivité, mais les thèmes de la maladie et de la disparition sont déjà présents dans son œuvre, notamment dans Vagues Souvenirs de l’année de la peste (1982) et il refusera toujours l’étiquette "d’auteur du sida", affirmant à l’instar de Patrice Chéreau que ce n’est pas un sujet. En 1990, il réside six mois à Berlin grâce à une bourse d’écriture (Villa Médicis hors les murs, Prix Léonard de Vinci); c’est là qu’il écrit Juste la fin du monde, le premier de ses textes à être refusé par tous les comités de lecture. Il arrête d’écrire pendant deux ans, se consacrant à la mise en scène, écrivant des adaptations et répondant à des commandes. Essentielle dans son œuvre, il reprendra intégralement cette pièce dans son dernier texte, Le Pays lointain. Il décède en septembre 1995 au cours des répétitions de Lulu.

La Compagnie des oeuvres
58 min

En France, Jean-Luc Lagarce est actuellement l’auteur contemporain le plus joué. Il est traduit dans de nombreux pays et certaines pièces comme J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne ou Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne le sont en douze langues.

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