« Une seule fois, en été, un jour que ma mère enlevait de la table le plateau du café, je vis la tête, la lèvre grisonnante de mon père, penchées sur la main de ma mère avec une dévotion fougueuse, hors de l’âge, et telle que Sido, muette, autant que moi empourprée, s’en alla sans un mot. J’étais petite encore, assez vilaine, occupée comme on l’est à treize ans de toutes choses dont l’ignorance pèse, dont la découverte humilie. Il me fut bon de connaître, et de me remettre en mémoire, par moments, cette complète image de l’amour : une tête d’homme, déjà vieux, abîmée dans un baiser sur une petite main de ménagère, gracieuse et ridée. »
(Colette, Sido, 1930)
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