mercredi 20 mai 2015

LECTURE à voix haute par l 'Atelier Voix Vives ce vendredi 22 mai 18h à Louvain-La-Neuve

Une langue venue d'ailleurs de Akira Mizubayashi :
Je suis étranger ici et là et je le demeure. je revendique sans honte ni tristesse mon étrangéité: ce double statut d'étranger que je porte en moi. ... Avec la meilleure chance du monde, je ferais partie des faux bilingues. Chez eux, c'est la langue adoptive qui meurt en premier. La langue d'origine, maternelle, demeure, inarrachable. Mon français va donc mourir avant même que ne meure mon corps? Triste vérité. Mais je me considérerai comme mort quand je serai mort en français.

Mais parler, cette étrange manie de l'homme, que ce soit dans votre propre langue ou dans celle qui vient d'ailleurs, n'est-ce pas au fond un acte qui défie la pudeur? Parler, c'est exposer sa voix nue, dévoiler par sa voix sa manière absolument singulière d'exister, donc s'exposer à nu, une dénudation d'une certaine façon? ... Parler, c'est quelque part résister à la pudeur.

Mon cher cousin, Ma chérie, Ma poule, ma grande, Mon cher amour, Ma Bibiche, Mon vieux, Monsieur, Madame.
Avec ma propre fille, avec qui il m'arrive maintenant de converser en français, je n'ai jamais pu utiliser ces formules additives. ... Je dirai qu'en dessous de la surface de la langue, quelque chose qui relève de la pudeur ou même de la peur me retient.


Attendre, c'est croire au retour de l'autre

Elle attend. Mélodie est un être qui attend, qui ne fait qu'attendre. Sa vie aura consisté à attendre. Mais attendre quoi ? Attendre le retour de celui à qui elle se sent attachée. p. 149

Elle était devenue plus qu'une compagne, plus qu'une amie, un être pour lequel on se fait du souci jusqu'à en être malade, une créature pour laquelle l'emploi d'un mot comme animal ou bête n'était pas convenable, ni tolérable.

Le chien est, dit-on, le seul être sur terre qui vous aime plus qu'il ne s'aime lui-même.

Qu'est-ce que «comprendre», sinon la capacité de se mettre à l'écoute, à l'unisson de ce qui s'éprouve, se pense chez autrui ?

Nous mesurons la distance infinie qui sépare notre sensibilité d'aujourd'hui de celle de Rousseau, lorsque nous lisons les lignes suivantes extraites du livre II d'Émile : « Homme pitoyable ! tu commences par tuer l'animal, et puis tu le manges, comme pour le faire mourir deux fois. Ce n'est pas assez : la chair morte te répugne encore, tes entrailles ne peuvent la supporter ; il la faut transformer par le feu, la bouillir, la rôtir, l'assaisonner de drogues qui la déguisent : il te faut des charcutiers, des cuisiniers, des rôtisseurs, des gens pour t'ôter l'horreur du meurtre et t'habiller des corps morts, afin que le sens du goût, trompé par ces déguisements, ne rejette point ce qui lui est étrange, et savoure avec plaisir des cadavres dont l'œil même eût eu peine à souffrir l'aspect.»

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